Ann Black, Kim Skjonsby, Martha McSherry et Bev McChesney-Rumble ont réussi à obtenir un appui financier de 750 000$, en mettant sur pied une entité corporative à but non lucratif nommée Oakes Project : Heritage, Arts and Tourism (TOPHAT).
Le financement provient de trois partenaires du secteur minier de la région. Il permettra à cette institution historique de Kirkland Lake de continuer à fonctionner pour une période de trois ans.
«Quand on a appris le retrait de la Ville de la gestion du musée, on était complètement abasourdies. Pour nous, c’était comme un blasphème de mettre aux oubliettes la mémoire collective de la Ville», lance Ann Black, présidente de TOPHAT.
Le sort réservé, il y a quatre ans, au Musée du patrimoine du hockey, quand la Ville avait pris la décision de vendre son édifice, a été mal vécu par certains membres de la communauté.
«La Ville semble plus se préoccuper des questions monétaires, notamment les taxes foncières, que l’histoire, la culture et la mémoire collective qui sont des éléments déterminants pour l’avenir d’une communauté et d’une nation», regrette Ann Black.
Genèse de l’affaire
Le Musée de l’histoire du Nord est situé dans le légendaire château de Sir Harry Oakes, qui fut un des prospecteurs derrière le développement d’une des plus riches mines d’or au Canada au siècle dernier à Kirkland Lake.
L’édifice date de 1929 et fêtera son centenaire d’ici peu. Le musée est un arrêt incontournable pour qui veut en apprendre sur l’histoire sociale et industrielle locale, ainsi que l’art et la culture de la communauté environnante.
Mais voilà qu’en 2021, la ville de Kirkland Lake voulait se défaire de leur musée ainsi que de leur bail avec la Fiducie du patrimoine ontarien (FPO).
Cette dernière avait signé en 1981 une entente avec la ville de Kirkland Lake, lui permettant d’opérer leur Musée de l’histoire du Nord au sein de l’édifice patrimonial en échange que la ville s’occupe de l’entretien et des réparations des lieux, et ce jusqu’en 2041.
Après maintes consultations auprès de sa population et des parties prenantes, le conseil de la ville de Kirkland Lake a passé une motion officielle au mois de mars 2024 pour mettre fin à leur entente de location. Récemment, un rapport fut rendu public sur l’évaluation des conditions de l’état structurel de l’édifice par une firme d’ingénieur, qui chiffre à 1,2-million$ les réparations nécessaires pour maintenir le bâtiment presque centenaire.
Même si la FPO a pris en charge les réparations les plus pressantes et que les couts de celles-ci seront épongés en grande partie par la Fiducie, la municipalité a fait clairement savoir qu’elle ne reviendra pas sur sa décision.
C’est dans ce contexte que le comité TOPHAT s’est transformé en une entité corporative à but non lucratif afin de pouvoir négocier une nouvelle entente avec la FPO pour la location de l’édifice et de prospecter d’autres fonds pour pouvoir opérer le musée au sein de l’édifice.
La maire de Kirkland Lake, Stacy Wight, a signifié lors de la réunion du conseil de ville du 17 septembre 2024 que «C’est maintenant hors de notre contrôle. Le rôle que nous avons joué a été de déclarer que nous voulions résilier le bail. À l’avenir, c’est entre vous et la FPO, et je veux vraiment, vraiment jeter mon soutien derrière vous.»
Le sort du musée
Les portes du musée sont présentement fermées au public pendant que les employés font l’inventaire des artéfacts et des archives. Par le 1 janvier 2025, les 2,5 emplois municipaux qui étaient assignés au musée ne seront plus.
Ann Black, la présidente de TOPHAT explique que l’organisme a pu obtenir un appui financier annuel de 250 000$ des minières Agnico Eagle et d’Alamos Gold, ainsi qu’un autre partenaire de redevance du secteur minier, et ce, pour les trois prochaines années. Ces fonds seront utilisés strictement pour opérer le Musée de l’histoire du Nord. Ce soutien est tout naturel pour ces partenaires corporatifs, car le musée est un lieu unique pour qui veut bien en apprendre sur le domaine minier. On y retrouve, entre autres, des artéfacts et des archives du domaine minier, des expositions au sujet de minéraux et de la géologie du Nord de l’Ontario.
Il reste encore à négocier l’entente de location avec la FPO, mais aussi conclure une entente avec la municipalité pour préserver et garder intact les collections du musée. Le retrait d’inventaire d’un bien culturel protégé par un musée désigné est un point de litige entre les parties prenantes.
Du point de vue de la Ville, le personnel travaillant au Centre sportif Joe Mavrinac est présentement en discussion avec la curatrice du musée, afin de transférer des artéfacts du domaine du Hockey dans une des salles près de l’aréna.
«Une stratégie culturelle en appoint»
Selon Kim Klockars, directrice des services communautaires à la Ville de Kirkland Lake, les services d’une firme de consultants ont été retenus, afin de développer une stratégie culturelle qui devrait être dévoilée d’ici le mois de mars 2025. «Le conseil municipal a l’intention d’inclure le Musée de l’histoire du Nord dans sa stratégie culturelle pour assurer la pérennité et le dynamisme de la communauté», fait-elle savoir.
Kim Klockars affirme également que la ville compte soutenir la programmation d’évènements offerts par le musée, opérés par le TOPHAT, grâce à diverses initiatives se rapportant aux services communautaires, en développement économique, touristique et de partenariat.
Les quatre femmes espèrent que les milliers de personnes (près de 8 000) qui ont répondu au sondage virtuel du TOPHAT sauront maintenir leur appui, en participant à la programmation et aux levées de fonds de cette nouvelle entité, pour préserver le Musée de l’histoire du Nord à Kirkland Lake.