Mes collègues de la Coalition nord-ontarienne pour une université de langue française et moi félicitons l’Université de Sudbury pour la réforme de son règlement général qui en fait désormais une institution 100 % laïque gouvernée par, pour et avec les francophones. Il est clair pour nous que l’avenir de l’éducation universitaire en français à Sudbury et dans le Moyen-Nord ontarien passe par cette institution plutôt que par Laurentian University, n’en déplaise à son recteur et vice-chancelier, Robert Haché. Cette nouvelle Université de Sudbury chapeautera un système complet d’éducation par et pour les francophones qui s’étendra de la maternelle jusqu’au collégial et auquel il ne manquait que l’université de langue française dans le Moyen-Nord.
Voilà pourquoi l’option Laurentian U. est maintenant une affaire du passé pour la francophonie. En éliminant 28 programmes de langue française en avril dernier, en mettant à pied des professeurs et des penseurs et en abandonnant des étudiantes et des étudiants qui ont maintenant quitté Sudbury, Laurentian U.a appauvri la communauté francophone. Plutôt que de consulter celle-ci et lui demander son appui, Laurentian U. n’en a fait qu’à sa tête. Elle a mis la communauté devant un fait accompli et pulvérisé des atouts essentiels à son développement. Elle a créé un vide là où les francophones avaient accès à des programmes qui formaient des chefs de file, des personnes créatives, des animatrices et des animateurs de notre milieu dans une variété de domaines, de la santé en passant par la culture et l’éducation pour ne nommer que ceux-là.
Une des nombreuses leçons que nous tirons du fiasco de Laurentian U. une leçon que nous connaissons depuis longtemps, c’est que les institutions bilingues ne servent pas adéquatement leurs clientèles francophones. Comme l’a démontré récemment Laurentian U. les francophones ne sont bien souvent qu’une pensée après coup dont on tire profit en raison des subventions qui soutiennent les études en français en contexte minoritaire.
M. Haché a raison sur une question : « C’est bel et bien l’identité de toute une communauté qui est en jeu ». C’est pourquoi il est temps pour la francophonie de prendre le contrôle de ses institutions universitaires. L’époque d’un établissement bilingue est révolue ici à Sudbury. Laurentian U. doit se concentrer sur ses programmes et ses étudiants de langue anglaise pour assurer son avenir.
Par ailleurs, M. Haché se plaît ces jours-ci à citer un sondage de l’Association des étudiants francophones (AEF) de la Laurentienne, réalisé au mois de mai dernier, en y puisant que 69 % des répondants préfèrent faire partie d’une université bilingue. C’est une réponse bien prévisible, puisque les répondants se réfèrent à ce qu’ils connaissent. Par contre, M. Haché néglige de mentionner que lorsque la création d’une université francophone à Sudbury est évoquée, une institution qui travaillerait en partenariat avec d’autres universités, y compris la Laurentian U. 81 % des répondants appuient ce concept. Nous pensons que le choix des étudiants francophones est on ne peut plus clair. Et, cela ne devrait souffrir d’aucune ambigüité, même pour ceux qui, comme M. Haché, refusent de voir la vérité en face et de composer avec elle.
De plus, une baisse des inscriptions de 33 % au premier cycle à Laurentian U., cet automne, est une autre façon que les étudiantes et les étudiants ont choisie pour s’exprimer sur ce qui se passe dans cette institution.
Nous encourageons les personnes qui partagent l’avis de la Coalition à faire part de leurs opinions à la ministre des Collèges et Universités de l’Ontario, Jill Dunlop ([email protected]), en mettant en Cc., si elles le souhaitent, la Coalition ([email protected]), parce que c’est à Queen’s Park que se joueront les prochaines étapes du projet de l’Université de Sudbury : la reconnaissance de son nouveau statut francophone et l’accès au financement requis pour mettre en place de nouveaux programmes. Nous vous remercions à l’avance de votre soutien.
Le porte-parole de la Coalition,
Denis Constantineau