le Lundi 9 septembre 2024
le Jeudi 15 Décembre 2022 9:34 Courrier des lecteurs

Unissons-nous pour la protection de la forêt

La défense de la forêt est la défense même de la communauté! — Photo : Courtoisie
La défense de la forêt est la défense même de la communauté!
Photo : Courtoisie
Courrier — par Pierre Hardy et Nicholas Hardy, membres du CFCIF
Unissons-nous pour la protection de la forêt
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Récemment, les Premières Nations du Traité 9 ont intenté une poursuite judiciaire affirmant que le gouvernement de l’Ontario dégrade la forêt boréale au sein de leur territoire traditionnel et enfreint la loi, eu égard au Traité 9. Trois Premières Nations sont nommées dans ce cas : les Premières Nations Cries de Chapleau, Missanabie et Brunswick House.

Selon ces Premières Nations du Traité 9, le gouvernement de l’Ontario est en train de détruire la forêt boréale à même leur territoire traditionnel. D’après eux, le gouvernement de l’Ontario, de par ses pratiques forestières, telles que les coupes à blanc agressives, l’usage des pesticides et herbicides et l’absence de consultations authentiques et accommodantes, ne respecte pas les engagements du Traité 9. Ce traité devait garantir aux Premières Nations de maintenir leur mode de vie et leur subsistance, comprenant, entre autres, la chasse, la trappe, la pêche et les récoltes de plantes pour la nourriture et la médecine.

Pourquoi le CFCIF appuie-t-il la cause des Premières Nations?

Le Comité de la forêt communautaire d’Iroquois Falls (CFCIF) appuie la cause et l’action judiciaire des Premières Nations contre le gouvernement de l’Ontario, car nous faisons face à des problèmes similaires, ici à Iroquois Falls : la destruction de la forêt boréale, les coupes à blanc trop agressives et trop près de la communauté, l’usage d’herbicides et de pesticides nocifs et les dommages irréparables causés à l’eau, la flore, la faune et la biodiversité.

Comme eux, notre comité n’est pas satisfait de la réponse du gouvernement ontarien aux nombreuses préoccupations irrésolues en matière de foresterie. Nous aussi faisons face à un manque de consultation authentique et significative. En outre, le comité a noté de multiples erreurs non rectifiées en ce qui a trait à l’inventaire des ressources, tel que des arbres trop petits et trop jeunes prévus pour les coupes, des cours d’eau qui ne figurent pas sur leurs cartes et des espèces protégées non identifiées et donc dévastées lors des coupes à blanc. 

Par ailleurs, les bordures d’arbres sont insuffisantes ou inexistantes près des routes, des cours d’eau et des propriétés privées — ce qui démontre le caractère insoutenable et destructeur de leurs pratiques.

Qu’est-ce que le CFCIF?

Le Comité de la forêt communautaire d’Iroquois Falls est un regroupement de citoyens engagés dans la protection de la forêt boréale dans la communauté d’Iroquois Falls. Ce comité a été formé en 2021 pour tenter d’empêcher la coupe à blanc d’environ 200 hectares avoisinant le lac Nellie, afin de protéger les forêts et les cours d’eau, car, effectivement, cette coupe à blanc mettait en péril l’eau potable, les espèces rares et menacées ainsi que le bienêtre de la communauté. 

En travaillant d’arrachepied, nous avons réussi à protéger cette forêt pour les prochains 10 ans, mais cela n’est pas suffisant — il faut protéger cette forêt de façon permanente, car elle est située bien trop près des résidences des citoyens et elle constitue une partie intégrale de notre communauté. 

En étudiant la situation, le comité s’est rendu compte de l’ampleur et de la gravité des pratiques forestières désastreuses utilisées aujourd’hui dans le Nord de l’Ontario qui mettent en péril la forêt boréale.

Le but du CFCIF est de défendre, aviser et établir des partenariats afin de préserver, conserver et protéger les forêts locales et les cours d’eau et aquifères. Le CFCIF désire contribuer ainsi au maintien d’un écosystème florissant, à la préservation de la biodiversité et au respect des valeurs de la communauté.

Les enjeux

Le gouvernement clame haut et fort qu’il utilise des pratiques soutenables quand en réalité il privilégie les profits au détriment des besoins des citoyens et de la protection de l’environnement. Gérer la forêt n’est pas synonyme d’effectuer des coupes à blanc. Il existe un renouveau scientifique en sylviculture telle que la docteure Suzanne Simard le démontre et le gouvernement ontarien aurait intérêt d’adopter des pratiques forestières moins destructrices.

Tout comme les Premières Nations, le CFCIF n’est pas contre l’industrie forestière en tant que telle, mais nous voulons voir la mise en place de pratiques véritablement soutenables : des coupes de plus petite envergure, la fin de l’utilisation des herbicides et pesticides néfastes, de plus larges bordures d’arbres autour des cours d’eau et des propriétés, etc. 

Nous nous opposons à des coupes à blanc trop volumineuses, trop près de chez nous, effectuées malgré le manque d’informations suffisantes au sujet, par exemple, de la taille et de l’âge des arbres, des espèces menacées et en voie de disparition et la présence d’aquifères sensibles. En outre, les coupes à blanc éliminent les pistes récréatives, ont des effets dévastateurs sur la faune, la flore et la qualité de l’eau et de l’air et diminuent la valeur des propriétés privées avoisinantes. 

Le CFCIF souhaite que l’extraction forestière se fasse dans le respect de la communauté et de l’environnement. La défense de la forêt est la défense même de la communauté. Car, en effet, la forêt étant notre milieu de vie, sa destruction porte atteinte à la communauté, sa vie sociale et son patrimoine culturel et historique. Ce sont là des valeurs à protéger — essentielles à notre bienêtre!

Au cours des dernières années, de nombreux citoyens ont été victimes de coupes à blanc près de leurs propriétés malgré leur opposition. Le non-consentement des citoyens a été étouffé par la bureaucratie provinciale qui nous fait subir ces injustices en procédant à qui mieux mieux à la surexploitation éhontée des forêts au sein de la communauté. Les conséquences de cette surexploitation de la forêt auprès des communautés rurales et des écosystèmes sont irréparables.

Les municipalités et ses citoyens sont et doivent être des acteurs de premier plan dans la lutte contre les changements climatiques et contre la perte de la biodiversité. Ce qui nous arrive n’est pas un cas isolé, mais bien une conséquence institutionnelle d’un gouvernement insensible aux besoins des citoyens. Si nous voulons protéger la forêt boréale, il faut se regrouper en comités locaux et régionaux et établir un réseau de partenariats solidaires, militants et dévoués envers cette cause.

La déforestation systémique au profit des industries révèle l’attitude colonialiste du gouvernement ontarien qui ne respecte pas les territoires autochtones et qui fait fi du public en prétextant l’autorité de la Couronne. 

Enfin, il ne faut pas oublier que la déforestation est un facteur majeur qui affecte les changements climatiques partout dans le monde.

Unissons-nous afin de protéger la forêt avant qu’il ne soit trop tard!

 

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