Madame la ministre,
Ça fait maintenant deux ans que la communauté francophone du Nord-Est ontarien attend que le gouvernement provincial prenne une décision à l’égard de l’avenir de l’éducation universitaire de langue française dans la région. Aucune décision n’a encore été prise. Pendant ce temps, le Nord-Est continue de perdre un grand nombre de jeunes personnes qui sont obligées de poursuivre leurs études en français à l’extérieur de la ville du Grand Sudbury parce que leurs programmes ont été annulés par Laurentian University en avril 2021 ou parce que ceux qui les intéressent ne sont pas disponibles en français dans la région.
La décision de soutenir l’Université de Sudbury comme seule université de langue française « par, pour et avec » les francophones du Nord-Est de l’Ontario est pourtant évidente. L’Université a produit deux plans d’affaires, dont un financé en grande partie par la communauté francophone, une étude de marché et, plus récemment, une étude d’impact économique. Tous ces documents que vous avez en main démontrent la viabilité de son modèle.
Hélas, le Groupe d’experts que vous avez mis sur pied récemment pour vous fournir des conseils et des recommandations sur le secteur de l’éducation postsecondaire n’est pas une solution. Vous auriez dû créer plutôt une instance similaire vouée uniquement aux études postsecondaires en français. Elle aurait été plus apte à tenir compte de la situation qui prévaut dans le Nord-Est et des défis que doivent relever les universités au service de la francophonie.
De plus, l’hésitation dont votre gouvernement fait preuve à l’égard de l’Université de Sudbury s’explique mal. Vous avez accordé le statut d’université à l’École de médicine du Nord de l’Ontario il y a un an et l’autonomie à l’Université de Hearst il y a deux ans !
Rappelez-vous que les francophones de la région sont clairement en faveur d’une gestion universitaire par, pour et avec la communauté francophone. Quatre-vingt-deux pour cent (82%) des francophones interrogés pour les besoins d’un sondage Oraclepoll en mai 2022 appuyaient l’avènement d’une université de langue française autonome à Sudbury. Pendant ce temps, Laurentian University prétend soutenir la croissance de l’éducation de langue française en investissant 5 millions de dollars dans l’apprentissage du français langue seconde ! Il est clair que cette institution ne comprend rien à l’enseignement en français ni aux besoins de la francophonie du Nord-Est ontarien.
Au rythme où vont les choses, il n’y aura pas de programmation offerte par une institution par, pour et avec les francophones avant le mois de septembre 2025 ! Ce n’est pas acceptable. Ce sont nos jeunes personnes qui en paient les frais, de même que notre économie régionale.
Soyons clairs, madame la ministre. La Coalition vous demande deux choses : 1) que toute l’éducation universitaire en langue française dans la région soit gérée par une institution gouvernée par, pour et avec la communauté francophone, en l’occurrence l’Université de Sudbury, ce qui signifie que Laurentian University doit cesser son enseignement en français et lui transférer toute sa programmation de langue française ; 2) que l’Université de Sudbury ait accès à un budget qui lui permettra de gérer ces programmes et d’en créer de nouveau pour mieux répondre aux attentes de la francophonie du Nord-Est ontarien.
Vous avez visité l’Université de Sudbury le mois de décembre dernier. Vous savez qu’elle est prête à entreprendre la prochaine étape de son développement. Nous comptons sur vous pour l’aider à y parvenir.
Nous vous prions de recevoir, madame la ministre, nos salutations les plus cordiales.
Le porte-parole de la Coalition,
Denis Constantineau