le Lundi 17 février 2025
le Mardi 2 avril 2024 6:45 2023-2024

La drave

  Photo : Courtoisie
Photo : Courtoisie
École secondaire catholique Franco-Cité, Sturgeon Falls
La drave
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La drave était un moyen de transporter les troncs d’arbres abattus sur une étendue d’eau, à partir du chantier jusqu’au moulin, où ils se faisaient transformer en planches et autres articles. Il y avait des personnes qui naviguaient sur les billots, appelés «draveurs», et ils s’assuraient que la cargaison se rendait bel et bien à la bonne destination. Ce moyen de transport des arbres abattus a duré de 1910 jusqu’à 1980.

Le processus

Tout débutait dans les chantiers où, pendant l’hiver, les bûcherons plaçaient des rangées d’arbres coupés au cours de l’année sur la glace, à l’aide de chariots tirés par des chevaux. Ensuite, lorsque le printemps arrivait et que la glace fondait, tout le bois tombait dans la rivière, et les draveurs se mettaient au travail. Ils grimpaient sur les arbres qui flottaient à la surface de l’eau et commençaient ainsi leur périple. Parfois, surtout lorsqu’il y avait des rapides, à la place de chevaucher les arbres abattus, ils se plaçaient dans des petites chaloupes. Afin de diriger le flux, ils étaient équipés de ce qu’on appelle des gaffes, ainsi qu’autres outils nommés perches. Pour dormir et manger, un bateau traînait derrière les billots avec une cuisinière et des lits pour les draveurs. Parfois, lors du trajet, les arbres s’entremêlaient et créaient un barrage. Pour les déprendre, on utilisait souvent de la dynamite, qui était un moyen très efficace, même si quelques billots se faisaient endommager. Afin de propulser l’amas de troncs et de créer un courant, on damait les lacs et ruisseaux avant de tout relâcher, ce qui créait des vagues qui propulsaient les billots. Lorsque le voyage arrivait au moulin, les draveurs pouvaient partir rejoindre leur famille.

L’habillement

On pouvait reconnaître les draveurs surtout par leurs bottes en cuir mi-mollet équipées de crampons sous la semelle afin d’être plus stables sur les bûches et éviter de glisser sur les troncs et atterrir dans l’eau qui était souvent glacée. Lorsqu’un homme mourait, c’était une tradition de clouer ses bottes à un arbre sur la rive. Le reste de l’habillement d’un draveur consistait généralement d’un chapeau en feutre, une chemise carreautée, des pantalons (souvent des jeans) et une gaffe ou une perche.

Les dangers

Ce métier, quoiqu’important pour l’industrie du bois, a causé plusieurs pertes et décès. En effet, si un homme tombait entre les billots, il y avait très peu de chances qu’il s’en sorte, puisque les craques entre les troncs qui menaient à la surface se refermaient aussitôt qu’ils ouvraient. De plus, lorsqu’il y avait un blocage, des hommes devaient aller placer la dynamite entre les crevasses du barrage, l’allumer, et ensuite courir le plus vite possible pour ne pas se faire engloutir par le soudain relâchement du barrage. Les corps des morts étaient enterrés sur la rive et leurs bottes étaient clouées sur un arbre avoisinant.

Le Nipissing-Ouest et la drave

La drave s’est aussi passée dans la région du Nipissing-Ouest et a fait partie de notre histoire. En effet, la connexion des rivières Temagami et Sturgeon permettait le transport facile des billots jusqu’au Canadian Pacific Railway qui passait par Sturgeon Falls ou aux scieries. Le petit village de Field contenait aussi un moulin à bois, appartenant à la compagnie Field Lumber, sur les rives de la rivière Sturgeon, où plusieurs billots se dirigeaient. C’était l’arrivée du CNR à Field qui a causé l’extinction de la drave au petit village. La compagnie Goulard Lumber était la dernière à faire flotter ses billots sur la rivière Sturgeon jusqu’au moulin dans les années 1960.