le Lundi 20 janvier 2025
le Mardi 21 novembre 2023 6:30 Économie et finances

Un projet de production à l’année pour des fraises moins couteuses

Les nouveaux étalages développés afin d’augmenter la productivité et diminuer les couts de la culture des fraises en serres dans le Nord d de l’Ontario.  — Photo : Courtoisie
Les nouveaux étalages développés afin d’augmenter la productivité et diminuer les couts de la culture des fraises en serres dans le Nord d de l’Ontario.
Photo : Courtoisie
Nord de l’Ontario — Un projet d’innovation expérimental piloté par le Collège Boréal tentera d’allonger la saison de culture des fraises dans le Nord de l’Ontario. On tente de développer un système de serre moins couteux en matériaux de fabrication et en consommation d’énergie.
Un projet de production à l’année pour des fraises moins couteuses
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Le projet a reçu un financement de 1 million $ de la part de la Fondation de la famille Weston, dans le cadre du Défi Cultiver l’innovation d’ici. Un financement similaire a été accordé à 10 autres équipes de recherches à travers le Canada pour trouver des solutions de production de baies à l’année. 

La gestionnaire de Recherche & Innovation Boréal, Sabine Bouchard, explique que des chercheurs du Collège travaillent depuis avril 2023 avec des partenaires locaux pour développer un concept de culture hydroponique adapté aux exigences de la croissance dans un climat nordique. 

«La première phase de ce projet permettra une production durable et commercialement viable de fraises cultivées sous serre, dans des climats extrêmes», explique Mme Bouchard.

Les partenaires associés à cette nouvelle solution sont le Réseau d’innovation agroalimentaire en région rurale (RIARR), Truly Northern Farms, une entreprise qui développe une solution de culture hydroponique abordable, modulaire et facile à déployer dans une variété d’environnements de culture, et AgriTech North, une entreprise sociale qui cultive des produits frais tout au long de l’année pour contribuer à la sécurité alimentaire dans le Nord de l’Ontario.  

«La saison de culture est plus courte au Canada et elle l’est d’autant plus dans le Nord de l’Ontario, où la période de l’hiver est plus longue avec une présence moindre du soleil entre janvier et mars. Lorsque nous  essayons de cultiver en serre, les charges sont plus couteuses, même si nous utilisons le système d’éclairage LED. Cela se répercute forcément sur le prix du produit proposé aux consommateurs», explique le président-directeur général de Truly Northern Farms, Stéphane Lanteigne.

Photo : Courtoisie

Soutenir les producteurs locaux

Le Canada est un grand importateur de fraises. En 2002, le Canada a produit 25 072 tonnes métriques de fraises, pour une valeur estimée à la ferme de 144 496 $, selon Statistiques Canada. La quantité exportée s’élève à 5476 tonnes métriques pour une valeur de 34 637 $. 

Parallèlement, le Canada a importé 147 607 tonnes métriques de fraises en 2022, pour une valeur de 667 247 $. Les chiffres d’importations de 2021 étaient légèrement plus bas, à savoir 144 012 tonnes métriques pour une valeur de 643 430 $. Les principaux producteurs-fournisseurs de ce fruit au Canada sont les États-Unis, le Mexique, le Pérou, le Chili et la Turquie.

«Que ce soit au Canada ou dans le monde, nous avons une couple de compagnies qui contrôlent le système agroalimentaire. Nous ne pouvons pas compétitionner avec ces géants. C’est pour cela que nous voulons donner du pouvoir à nos agriculteurs du Nord de l’Ontario, en trouvant des solutions qui fonctionnent à petites échelles. Ensuite, nous travaillerons à augmenter la production de façon graduelle et autonome, selon nos besoins», souligne M. Lanteigne.  

Optimisation de l’espace de plantation

Pour ce faire, le partenaire AgriTech North s’occupe de fabriquer un nouveau modèle de serre avec des matériaux moins couteux et une consommation d’énergie moindre. 

«Les maisons vertes sont construites suivant un système de polymères électroactifs (PEA). Au lieu de la vitre, nous utilisons comme séparation des plaques de un mètre et demi de largeur avec une extrusion métallique, pour mieux conserver la chaleur durant l’hiver. C’est aussi moins couteux pour l’entretien», précise M. Lanteigne.

Un modèle de serre de 200 pi2 sera mis en place sur les terres d’AgriTech North, à Dryden, d’ici le mois de janvier ou février. «Si le modèle est réussi, nous passerons à des serres d’une plus grande superficie», promet-il. 

Pour optimiser l’espace, Truly Northern Farms, avec l’équipe de chercheurs du Collège Boréal, développe un système de rayonnage plus efficace que ce qui est disponible actuellement sur le marché. 

«On veut mieux occuper l’espace, en installant plusieurs niveaux de tablettes. Elles seront dotées de lumières qui peuvent suppléer les lumières de la maison verte, comme les tablettes supérieures vont empêcher l’exposition à la lumière des tablettes inférieures», note-t-il. 

Stéphane Lanteigne veut augmenter le montant de plants d’au moins 50 % dans un même espace. «Nous en sommes à notre deuxième version de tablettes et AgriTech North ont déjà entamé la construction des fondations des maisons vertes», annonce-t-il. 

«Le projet avance bien»

Selon Sabine Bouchard, des fraises ont déjà poussé dans la serre expérimentale du Collège Boréal et elle assure que le projet avance bien. 

«Le projet se termine en décembre 2024. Le Collège Boréal va valider le concept et le système de croissance qui est en train d’être développé. Nous allons voir si le concept est plus efficace, si ça fonctionne dans les températures particulièrement basses ainsi que l’impact que cela peut avoir sur l’allongement de la saison de croissance», explique-t-elle. 

Si l’objectif est atteint, un financement de 5 millions $ sera accordé par la Fondation de la famille Weston pour une deuxième phase du projet afin d’étendre le concept à plus large échelle. 

Stéphane Lanteigne soutient que le concept peut être valable pour la production à l’année de la salade et des herbes fines, en plus des baies.