le Lundi 16 septembre 2024
le Jeudi 23 février 2023 15:47 Société

Une première célébration du Mois de l’histoire des noirs par CFA Sudbury

Des participants à l’atelier de danse. — Photo : Julien Cayouette
Des participants à l’atelier de danse.
Photo : Julien Cayouette
Sudbury — Le Mois de l’histoire des noirs est un concept étrange pour les immigrants d’origine africaine qui s’installent au Canada. Ce mois thématique n’est évidemment pas souligné dans leurs pays, puisqu’il a été créé aux États-Unis et est plus étroitement lié à l’histoire des Noirs dans les pays où ils sont en minorité, où leur histoire a longtemps été ignorée ou même effacée.
Une première célébration du Mois de l’histoire des noirs par CFA Sudbury
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Il y avait des kiosques de vêtements, de tissu et d’artisanat africain lors de cette première activité de CFA Sudbury.

Photo : Julien Cayouette

L’équipe de Communauté francophone accueillante (CFA) Sudbury a organisé une première activité de démystification de ce mois pour les immigrants et de réseautage. Environ une quarantaine de personnes étaient présentes.

La journée était aussi une occasion de rappeler quels programmes sont disponibles pour les immigrants au Centre de santé communautaire du Grand Sudbury, explique l’idéatrice de la journée, l’agente de liaison sociocommunautaire de CFA Sudbury, Muriel Angba Agnimel.

«Dans un premier lieu, c’était de leur faire connaitre l’origine de cette fête-là. C’est ça qu’on appelle le jumelage culturel. En plus, faire connaitre nos services à la population francophone de Sudbury», dit-elle. Mme Angba Agnimel a bien l’intention de réorganiser l’activité l’année prochaine.

En plus de services du CFA, le directeur principal – Pôle Impact du Conseil de la coopération de l’Ontario, Michael Norris, était sur place pour rencontrer des gens qui ont des idées d’entreprises qui cadrent dans leur nouvel incubateur d’entreprises.

Il y avait très peu de blancs lors de l’activité, sauf entre autres un couple de bénévoles français et leur fille, installés à Sudbury depuis environ un mois. Incertains au départ qu’ils seraient à leur place à cette journée, ils se sont laissé convaincre. «C’est bien de pouvoir échanger, de pouvoir rencontrer d’autres cultures, différents points de vue. Nous, on vient de France et, même si on dit que c’est souligné là-bas, on n’avait jamais entendu parler [du Mois de l’histoire des noirs]», explique Jean-Sébastien Villanueva.

Des participants à un atelier de tambour africain.

Photo : Julien Cayouette

Une lente adoption

Le professeur Moustapha Soumahoro a livré une présentation qui résumait les origines du Mois de l’histoire des Noirs. Pour expliquer pourquoi cette célébration est presque inconnue en Afrique, il indique que «la raison pourquoi ça a été instauré n’entre pas dans le contexte africain». Aujourd’hui, ce mois est surtout souligné dans des villes et pays qui ont une histoire complexe et difficile avec les Noirs et où il y a une masse critique assez importante de résidents de descendance noire.

Moustapha Soumahoro a raconté le origine du Mois de l’histoire de Noirs

Photo : Julien Cayouette

Le travail de l’historien Carter Woodson, le premier à étudier l’histoire des Noirs en Amérique, a été essentiel à la création de la première Semaine de l’histoire des Noirs aux États-Unis en 1926. On a choisi une semaine de février pour faire honneur à l’ancien président Abraham Lincoln, né un 12 février, et à l’ancien esclave Frederick Douglass, né un 14 février, qui a dédié sa vie à l’abolition de l’esclavage et à l’égalité pour tous.

La semaine est devenue un mois en 1970 à l’Université Kent, en Ohio. La même transformation se fera au niveau national en 1976, à l’occasion du bicentenaire des États-Unis.

La semaine est célébrée de façon volontaire au Canada dès 1937. Des groupes organisent des activités d’éducation et de rapprochement. 

Ce sera cependant la Ontario Black Society à Toronto, créée en 1978, qui fera les démarches pour que le mois de février soit officiellement reconnu comme Mois de l’histoire des Noirs. Elle déposera une pétition auprès de la ville et la première désignation sera faite en 1979. 

Au niveau provincial, il faudra attendre 1993 pour une première proclamation officielle. Le groupe qui a obtenu la déclaration provinciale approche ensuite la première députée noire fédérale, Jean Augustine, et le parlement canadien adopte sa motion à l’unanimité en 1995. Il faudra par contre attendre 2008 pour que le Sénat canadien passe un vote similaire et officialiser le Mois de l’histoire des Noirs au Canada.

Le mois de février sert donc à remettre à l’avant-plan les réalisations des Noirs dans les pays qui soulignent le Mois de l’histoire des Noirs. Athlètes, artistes et politiciens ont un peu plus de chances d’être connus du public. Mais il y a un nombre important de chercheurs, d’inventeuses et de scientifiques noirs qui ont contribué de façon importante à l’histoire du Canada.