Le professeur au sein des programmes en environnement forestier et faunique de l’École de l’environnement et des richesses naturelles du Collège Boréal ne sait toujours pas qui l’avait nommé pour cette prestigieuse distinction.
«Ce doit être quelqu’un de la direction du Collège», lance-t-il, l’air quelque peu gêné, en s’installant dans la salle des réunions du Voyageur.
La raison est que Marc Hébert n’aime pas être sous les feux de la rampe. Il préfère le silence des bois aux sollicitations des médias. Mais il se trouve que le Collège Boréal avait annoncé, le jeudi 16 mai, la réception par le discret professeur du Prix ministériel d’excellence des Collèges et Universités de l’Ontario, dans la catégorie Héros du quotidien.
«Cette reconnaissance souligne les accomplissements majeurs du professeur Hébert dont l’engagement et les compétences améliorent de façon significative l’expérience de notre population étudiante et le développement de notre communauté», est-il souligné dans le communiqué du Collège Boréal.
En plus d’avoir participé à la création d’un jardin autochtone au Collège Boréal, Marc Hébert fait partie d’une commission à la Ville du Grand Sudbury où il apporte son appui pour le reverdissement des espaces.
Une pluie de messages de félicitations
Marc Hébert se demandait toujours pourquoi lui, lorsque des messages, adressés essentiellement par ses anciens élèves, ont commencé à pleuvoir sur son téléphone.
«Je me disais qu’il y a plein d’autres professeurs qui font autant, sinon mieux, mais avec les témoignages et les hommages que je commençais à recevoir, j’ai fini par accepter. Je ne savais pas que j’avais laissé une telle empreinte sur mes anciens étudiants», confie-t-il.
Un des messages qui a ému le professeur est de son ancienne étudiante Claire Binette, aujourd’hui enseignante en environnement à l’Université de Moncton, au Nouveau-Brunswick.
«Elle m’a écrit pour me dire que c’est grâce à moi qu’elle a trouvé sa vocation et qu’elle a entamé un BAC en environnement, après son passage au Collège Boréal», indique-t-il.
Olivia Baudet est technologue en recherche environnementale, ainsi que professeure à temps partiel. Elle était son étudiante entre 2017 et 2020. Elle témoigne : «Marc est quelqu’un de passionné par l’enseignement et par la recherche dans le domaine de la Foresterie. Il transmet son savoir à la nouvelle génération avec un plaisir inconditionnel et évident. Je me souviens d’avoir beaucoup appris à ses côtés».
Olivia Baudet estime avoir de la chance, aujourd’hui, d’appeler Marc Hébert «mon collègue» et affirme qu’«il est toujours aussi passionné» que quand elle était étudiante. «Je suis fière et honorée de travailler à ses côtés».
Aux origines
Marc Hébert se demandait encore jusqu’à 2016-2017, d’où il tenait cette fascination pour la forêt et la nature. Enfant, son père Gérald et sa mère Edna Hébert l’amenaient en camping. Mais Marc Hébert a toujours pensé que son lien avec la nature n’était pas le seul fait de ses souvenirs d’enfance.
«J’aime quand je suis dans le bois. Et j’ai toujours senti que je portais ça dans mes gènes», témoigne-t-il.
Il y a une dizaine d’années, le professeur avait été invité à une cérémonie de scouts et on lui avait bandé les yeux avant de l’introduire dans un tipi, pendant que les rythmes des tambours se faisaient entendre.
«Je me suis mis à pleurer et je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. J’avais la chair de poule», raconte-t-il.
C’est l’une des cousines à son père qui lui a confirmé leurs origines métisses. «Ma grand-mère paternelle Annette Sabourin Hébert nous a toujours dit que nous avions du sang portugais pour expliquer notre teint un peu foncé, mais c’était certainement pour nous protéger. Beaucoup de Métis cachait à leurs enfants leurs origines à cette époque, pour leur permettre de grandir comme tout le monde», raconte-t-il.
Marc Hébert se pose d’ailleurs la question : «Est-ce que j’aurai eu le même parcours et la même vie si on avait su depuis mon jeune âge que j’étais Métis? Je crois que non. Je n’aurais pas eu les mêmes chances».
Aujourd’hui, Marc Hébert porte fièrement ses origines et il fait partie d’un regroupement des familles métisses du Nipissing. Avec le jardin autochtone auquel il a contribué à mettre en place au Collège Boréal, il demeure au service des Premières Nations qui le sollicitent pour semer des plantes médicinales ou la plantation d’arbres.
La Première nation de Wiikwemkoong de l’ile Manitoulin l’a récemment sollicité pour remplacer des frênes noirs qu’ils devaient abattre pour construire des maisons pour des personnes ainées de la communauté. «Je leur ai fait pousser 1000 arbustes au sein du Collège. Nous allons leur en faire la livraison bientôt», lance-t-il, fièrement.