En fait, chaque occasion a ses préférences, car, voyez-vous, notre famille est fière et métissée. On porte individuellement et collectivement des bagages venus des quatre coins du monde : l’Égypte, le Nigéria, la Jamaïque, l’Ouest canadien, le Québec, la Tanzanie et les traditions autochtones de l’Atlantique. Ouf! C’est pourquoi on réveillonne le 24 décembre, on mange de la bannique à l’Action de grâces, du riz Jolof et du suya à la fête des Pères, des brochettes de kofta à la fête de mon gendre et des « puffs-puffs» aux grandes occasions. Et dans le temps des Fêtes, on chante des chansons à répondre en français, auxquelles répondent même les non francophones de la famille. Nos cantiques? Ils sont en français, en yorouba et en anglais.
Maintenant que mes enfants sont devenus grands, nos traditions familiales sont bel et bien vivantes et servent de «colle» qui nous unit quand on se retrouve tous ensemble, au fil du temps et malgré les distances.
Récemment, Mélanie McDonald a interviewé le directeur général du Centre franco-ontarien de folklore, Patrick Bretonm pour les Petites jasettes pédagogiques. Celui-ci définit les traditions comme des manières de faire ou d’agir qui sont en héritage du passé. Selon lui, il est important de continuer de faire connaitre nos chansons, nos contes et nos traditions franco-ontariennes à nos enfants. Mais il ajoute qu’il ne suffit pas de se limiter au passé. Mélanie et lui sont d’accord qu’avec les enfants, on peut créer de nouvelles traditions, soit en adaptant d’anciennes traditions ou en créant de toutes nouvelles coutumes.
En fait, les chercheurs remarquent que le contenu des traditions nationales ou populaires subit des changements importants de nos jours. Avec le mouvement des populations, elles ne se limitent plus à un groupe, à un pays ou à une religion.
Je cite la blogueuse et journaliste Caroline Pelletier, qui résume que «les traditions ont une valeur pour notre vie, parce qu’elles la rythment et que cela aide à construire notre identité. Les traditions familiales nous donnent le sentiment d’appartenance à une famille et donc une sécurité. Fortement chargées d’émotions, ces traditions jalonnent notre vie».
Qu’il s’agisse d’objets, de textes, de cérémonies, de danses, des remèdes naturels ou de recettes, elles permettent aux individus de s’identifier à un groupe. Pour reprendre les mots du directeur de recherche honoraire au CNRS, laboratoire d’anthropologie sociale, Gérard Lenclud, une tradition est «un morceau de passé taillé à la mesure du présent». Et j’ajouterais que ce passé peut être plus ou moins lointain, selon le cas.
Alors, cette année, si vous avez perdu ou oublié certaines traditions, profitez de la saison des fêtes pour les redécouvrir. Soyez porteurs et cocréateurs de culture avec vos proches. N’hésitez pas à créer de nouvelles traditions avec vos enfants, car c’est un moyen pour eux de construire leur identité et d’enrichir leur propre culture. Une fois devenus grands, ils se rappelleront les saveurs, les odeurs et les moments de joie passés en votre compagnie. Ils choisiront peut-être de les adopter à leur tour et d’en ajouter de nouvelles à leur propre liste de traditions familiales!
Pour plus de détails au sujet du Centre franco-ontarien du folklore, rendez-vous au https://cfof.on.ca/
L’entrevue de Mélanie McDonald aux Petites jasettes pédagogique.