Ce qui est difficile lorsqu’on essaie de choisir pour qui voter, c’est de compiler toutes les promesses sur les enjeux importants. Ce qui est important est différent pour tout le monde, évidemment, mais nous allons quand même essayer de vous aider. Voici ce que nous percevons comme étant les principaux gains et les principales pertes à prévoir avec un gouvernement formé par chacun des principaux partis.
La philosophie néodémocrate est facile à cerner : augmenter les revenus et dépenser plus pour augmenter le filet social. Leurs promesses les plus progressistes incluent des assurances dentaire et médicament à la grandeur du pays, des cibles élevées pour combattre les changements climatiques et une baisse du cout de la vie pour la majorité. Il s’agit du parti qui a le plus de chance de rechercher des solutions aux inégalités sociales.
Leur grand ennemi, c’est l’incertitude. Le NPD n’a jamais été à la tête du pays et on est en droit de se demander si leur vision économique est la bonne dans la situation dans laquelle nous a plongé la pandémie. Le chef, Jagmeet Singh, n’a pas été en mesure de nous rassurer pendant les débats. Aucune annonce claire, aucun plan précis pour réaliser ses ambitions, mais beaucoup d’empathie.
On peut quand même tirer des conclusions de ses promesses. Une des choses qui risque fort de disparaitre est la bonne entente entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux — qui n’est déjà pas très bonne. Le NPD semble vouloir empiéter sur les compétences provinciales et ça ne peut que causer des étincelles avec certains. Les effets de leur plan sur l’économie et la dette sont aussi extrêmement incertains. Est-ce qu’ils parviendraient à faire diminuer le cout de la vie? Rien n’est moins sûr.
Avec les libéraux, plusieurs des gains possibles commençaient à être mis en place. Le plan pour des garderies subventionnées partout au pays progressait avec une première entente avec le Québec. Selon les experts, le plan des libéraux pour combattre les changements climatiques est le plus réaliste et le plus efficace. Plus de transfert d’argent vers les provinces pour les dépenses en santé.
Par contre, avec les libéraux aussi la bonne entente avec certaines provinces sera difficile. De plus, l’intégrité et l’éthique du chef Justin Trudeau ont plus d’une fois été remises en cause si bien qu’il est maintenant difficile de lui faire confiance. Les chances qu’ils s’attaquent aux inégalités sociales et financières sont minces. Sans plan de retour à l’équilibre budgétaire, l’avenir économique du Canada reste incertain.
Le Parti conservateur d’Erin O’Toole a fait des promesses plus progressistes qu’à ses habitudes pendant l’élection. On pourrait croire que l’on aura (peut-être) plus d’argent dans nos poches, plus de droits pour les travailleurs, plus d’argent en santé pour les provinces et un meilleur respect des compétences provinciales. Ce sont aussi les seuls qui ont parlé de retour à l’équilibre budgétaire, si la dette est ce qui vous inquiète le plus.
Cependant, malgré les promesses, les tours de passepasse et de sémantiques des conservateurs dans le passé portent à croire que les promesses seront déformées après l’élection. Les non-dits et les réponses floues deviendront soudainement plus importants et contradictoires que les promesses. Ce ne seront pas eux qui vont tenter de décourager la privatisation des systèmes de santé entamée en Alberta et en Ontario. Oubliez les garderies à prix abordable en Ontario. Nous perdrons le financement mis en place pour assurer la santé des médias, grands comme petits. Oubliez la lutte aux changements climatiques et votre belle planète. Oublier les augmentations de financements pour les arts et la francophonie en milieu minoritaire.
Du côté des langues officielles, on semble avoir peu à perdre avec tous ces partis. Les trois ont promis une réforme rapide de la Loi sur les langues officielles. On sait déjà à quoi s’attendre des libéraux, qui ont déposé leur projet de loi avant l’élection — sachant très bien qu’ils nous feraient encore attendre. Rien ne nous garantit que les conservateurs ou le NPD ne se lanceront pas dans un autre processus de consultation trop long. Ils ont tout de même promis des éléments demandés par les francophones dans leur réforme, mais ça ne signifie pas qu’elle sera plus ou moins satisfaisante que celle des libéraux.
La plus grande perte cependant serait celle de la démocratie. Elle n’est heureusement pas en péril au Canada, alors profitez-en et allez voter le 20 septembre.