En 1966-67, la Société Radio-Canada diffusait une série de conférences du professeur Henri Guillemin intitulée La Révolution française (voir vidéo ci-dessous). C’est une série qu’aujourd’hui on appellerait plutôt un «podcast» ou une «Ted Talk». Disons que ce ne serait pas dans les gouts plutôt mièvres des spectateurs de téléréalités. C’est d’valeur parce qu’on pourrait en tirer des leçons sur ce qui mène à une révolution.
Dans le deuxième des 15 épisodes de cette émission, Henri Guillemin nous apprend qu’une révolution s’appuie toujours sur de nouvelles idées et est toujours déclenchée par l’injustice socioéconomique. Ça vous dit quelque chose?
La France de 1789 venait de connaitre le fameux siècle des Lumières avec ses Voltaire, Rousseau et l’Encyclopédie de Diderot qui avaient proposé différentes façons de voir le monde, y compris ses systèmes politiques. Combinez ça avec un écart économique grandissant entre les riches aristocrates et les pauvres paysans et roturiers et la table était mise pour des changements en profondeur. Les prochains épisodes de cette série nous montrent que ces changements peuvent être violents et dramatiques.
Toutes les révolutions depuis celle de 1789 suivent d’ailleurs le même modèle : nouvelles idées et crise économique mènent à des changements violents. Vous n’avez qu’à étudier les révolutions russe de 1917 et chinoise de 1949.
Or, qu’en est-il de notre monde postmoderne? On ne peut évidemment pas nier la diffusion fulgurante de nouvelles idées — bonnes et moins bonnes — par les médias électroniques d’aujourd’hui. On y a accès à tout le savoir du monde, l’ancien comme le nouveau. On peut y lire toutes les théories politiques, sociales, économiques et culturelles, même fausses, en un clic de souris. On peut même en proposer nous-mêmes.
On peut aussi comparer la situation économique. Dans la France d’avant la Révolution, les aristocrates refusaient de payer des impôts. Ils allaient même jusqu’à augmenter les redevances des paysans ainsi que le prix des denrées essentielles afin d’accroitre leur richesse. Comment ne pas comparer cette injustice économique au budget Trump qui réduisit de plusieurs milliards de dollars les impôts des riches Américains tout en coupant dans les services sociaux?
Si l’occident continue sur cette voie de la disparité financière, il est facile d’imaginer un clivage social qui mènerait à des débordements, sinon à la rébellion.
Afin d’éviter de tels bouleversements, nos leadeurs devraient tirer des leçons de l’Histoire. Au Canada et aux États-Unis, nous venons d’élire des gouvernements qui semblent avoir compris qu’il faut s’occuper des moins bien nantis, qu’il faut combler un tant soit peu le clivage entre les super riches et les complètement démunis.
Il sera cependant difficile de mettre en place des politiques socioéconomiques plus égalitaires. Comme dans la France pré révolutionnaire, les riches voudront continuer à amasser des fortunes. Comme ils possèdent la plupart des moyens de communication, ils tenteront de convaincre la classe moyenne que ces politiques lui sont défavorables. Espérons que nous n’écouterons pas ce chant des sirènes qui mène droit au naufrage. Restons optimistes.