le Mardi 17 septembre 2024
le Mercredi 14 septembre 2022 11:43 Éditorial

Une reine et un roturier

La défunte reine Elizabeth II et le nouveau chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre — Photos : Shutterstock et Inès Lombardo de Francopresse
La défunte reine Elizabeth II et le nouveau chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre
Photos : Shutterstock et Inès Lombardo de Francopresse
Éditorial — Cette semaine, deux sujets méritent notre attention : le décès de la Reine Élisabeth II et l’accession au trône conservateur par Pierre Poilièvre. Question de protocole, commençons par la vraie royauté.
Une reine et un roturier
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La mort de la reine Élisabeth n’a évidemment pris personne par surprise. Elle avait 96 ans et nous savions que sa santé était fragile. Pourquoi alors son décès a-t-il créé un choc? On pourrait dire que c’est parce que, pour la plupart d’entre nous, c’est la seule reine que nous avons connue. Aucun monarque moderne n’a régné aussi longtemps. Et aucun n’a hérité du rôle mondial que confère la royauté britannique, l’empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais.

C’est peut-être ce lourd passé colonial qui a conféré à la reine Élisabeth une nature plus diplomatique que régale. Lors de son accession au trône, elle est devenue la reine d’un grand nombre de pays, incluant le Canada. À cette époque, notre hymne national était encore God Save the Queen, mais il serait bientôt remplacé par Oh Canada et la vieille constitution adoptée par le gouvernement britannique en 1867 ferait place, en 1982, à une vraie constitution canadienne. Ces changements n’ont jamais semblé la gêner. Élisabeth a toujours clamé son amour du Canada.

Ce qui était remarquable chez cette reine, c’est que, mis à part le lourd rituel entourant son rôle, elle a toujours semblé humble et rassembleuse. Elle a même su — en apparence du moins — faire face à de sérieux problèmes familiaux avec grâce et décorum. 

C’est ce qui a suscité l’admiration pour cette femme, même chez les antimonarchistes.

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Venons-en à un autre type de leadeur, soit le nouveau chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre. Avec sa victoire fulgurante — 68 % des votes des membres du parti — on pourrait dire que sa victoire est un véritable couronnement. Mais c’est vraiment le seul parallèle qu’on puisse trouver entre cet homme et la femme dont on pleure le décès.

Pendant toute sa carrière politique — la seule qu’il ait eue — M. Poilièvre n’a jamais démontré d’humilité ni de respect pour les autres. Et pendant sa campagne à la chefferie — campagne menée de main de maitre, on doit l’avouer — il a plutôt mis les bouchées doubles avec son arrogance, ses déclarations fracassantes et ses menteries.

Oui, oui! Ses menteries. La liste est longue, mais commençons par son slogan, la «Liberté». Comme si le Canada n’est pas un des pays les plus libres du monde. En fait, Poilievre aurait risqué la prison dans plusieurs pays à cause de ses déclarations frauduleuses. Et que dire de ses élucubrations comme quoi la Banque du Canada cause l’inflation alors que le Canada a un taux d’inflation plus bas que la plupart des pays du monde? 

Ah oui, n’oublions pas que seul le bitcoin peut nous enrichir, même si la valeur de cette dénomination a baissé de 50 % depuis qu’il a annoncé son appui. 

On pourrait continuer.

Cet homme dirait n’importe quoi pour plaire à certains électeurs motivés par la haine plus que par le désir de construire un pays. Il aurait avantage à consulter la reine Élisabeth. J’imagine qu’il possède une planche Ouija.