Saviez-vous qu’au Canada les prêteurs peuvent réclamer des intérêts allant jusqu’à 60 % du montant emprunté? La loi qualifie de «taux criminel» tout taux d’intérêt plus élevé. Il est à noter que les prêts sur salaire de moins de 1500 $ sont exemptés et que l’intérêt sur ces prêts peut dépasser les 100 %. Ridicule, non?
Nous croyons que même le taux maximum de 60 % prévu par la loi est criminel et qu’il est temps que le gouvernement s’en mêle. Mais il semble bien que la consultation n’ira pas assez loin.
D’abord. Il faut comprendre que seuls les prêteurs parallèles — Money Mart, Cash Money et autres vautours — perçoivent des intérêts et frais s’approchant de 60 %. Les banques et caisses populaires offrent des taux plus bas. Mais nous y reviendrons.
Le présent seuil de criminalité, 60 %, a été établi en 1980 lors d’une période inflationniste qui a vu les taux d’intérêt flamber jusqu’à une moyenne de 21 %. Depuis ce temps, les taux d’intérêt ont diminué de beaucoup, même si la Banque du Canada a haussé son taux directeur cette année.
Revenons à la consultation*. Le gouvernement veut savoir si le taux criminel devrait être changé, s’il doit être fixe ou fluctuer selon la conjoncture économique. Il se demande aussi qui utilise ce genre de prêt et pourquoi et si un changement de taux aura une influence sur ce marché.
Mais sa question fondamentale pour l’emprunteur moyen est de savoir si une réduction du taux criminel affectera les autres produits de crédit. On pense ici aux emprunts hypothécaires, aux prêts automobiles, aux marges et aux cartes de crédit. Espérons que oui.
Ces derniers types de prêts représentent la vaste majorité de la dette personnelle des Canadiens. Ils sont normalement consentis par les institutions financières tels les banques, les caisses ou les prêteurs immobiliers. Le problème, c’est que même ces taux sont élevés. Comment une banque qui accumule des profits de centaines de milliards de dollars par année peut-elle justifier l’émission de cartes de crédit comportant un taux d’intérêt de 20 à 30 %? Comment permet-on à une banque de réclamer des intérêts sur le montant soldé lors de l’annulation d’une hypothèque? Comment peut-on tolérer qu’une institution prêteuse prélève des intérêts ET des frais d’administration sur une marge de crédit?
Ces pratiques et plusieurs autres «mains-dans-nos-poches» de la part des institutions financières sont d’une avidité criminelle et devraient être bannies.
Voilà quelques questions sur lesquelles le ministère des Finances devrait aussi se pencher. Mais il est clair qu’il n’ira pas là.
Désolant.