le Mardi 17 septembre 2024
le Mercredi 5 octobre 2022 11:15 Éditorial

Au bord de l’abime?

Musée des Forces nucléaires stratégiques soviétiques. missile antibalistique 52T6 . Élément A-135 système de défense antibalistique (testé à Saryshagan, au Kazakhstan. Pobugkoe, Ukraine - 14 mai 2019 — Photo : Shutterstock
Musée des Forces nucléaires stratégiques soviétiques. missile antibalistique 52T6 . Élément A-135 système de défense antibalistique (testé à Saryshagan, au Kazakhstan. Pobugkoe, Ukraine - 14 mai 2019
Photo : Shutterstock
Éditorial — Depuis vendredi dernier, le monde n’a jamais été aussi proche d’une vraie guerre depuis la Deuxième Guerre mondiale. Pas une guéguerre qui ne touche qu’un pays comme les nombreuses disputes civiles qui font rage dans le monde ou des guerres distantes impliquant seulement deux protagonistes comme celles du Vietnam et de l’Ukraine. Euh, l’Ukraine jusqu’à présent.
Au bord de l’abime?
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Parce que l’Ukraine risque de devenir une vraie grande guerre, même une guerre nucléaire. C’est ce que nous promet le dictateur russe Vladimir Poutine.

Vendredi dernier, Poutine signait des décrets annexant quatre régions ukrainiennes tombées sous le contrôle de l’armée russe depuis l’invasion de février dernier. Il a tenté de légitimer cette décision en tenant des plébiscites dans ces régions demandant, souvent à la pointe du fusil, aux résidents de ces territoires de voter sur l’annexion. Évidemment que les résultats, non vérifiés par des observateurs indépendants, ont été majoritairement en faveur de l’incorporation à la Russie. C’était joué d’avance. 

Dans l’esprit dérangé du mégalomane Poutine, ces régions font maintenant partie du territoire russe. Et bien sûr, quiconque attaque le territoire russe subira de graves conséquences. Quelles sortes de conséquences, demandez-vous? Ben, Poutine n’y est pas allé de main morte. Il brandit la menace nucléaire en ajoutant, «ceci n’est pas une menace en l’air (bluff)».

Le problème c’est que les Ukrainiens ne laisseront pas Poutine amputer un cinquième de leur territoire sans réagir. L’armée ukrainienne a présentement le vent dans les voiles. Elle a repris des milliers de kilomètres carrés de territoire envahi par les Russes. Et déjà, au lendemain de la signature des décrets, les soldats ukrainiens reprenaient la ville de Lyman en plein cœur des régions annexées.

C’est aussi sans compter sur l’opinion des dirigeants des pays occidentaux qui ne reconnaissent pas le référendum russe dans les territoires occupés. Ces pays, notamment les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, possèdent aussi des armes nucléaires. Ça risque de jouer dur.

La plupart des analystes militaires estiment que, s’il donne suite à ses menaces, Poutine utilisera ce qu’on appelle des missiles nucléaires tactiques. C’est-à-dire des bombes à faible portée nucléaire qui seraient dirigées vers un champ de bataille afin de détruire une partie de l’armée ukrainienne. Ce sont des petites bombes de 1 à 50 kilotonnes comparées au 100 à 1 000 tonnes d’une bombe atomique dite stratégique. Mais n’oublions pas la dévastation causée par la bombe de 15 kilotonnes larguée sur Hiroshima en 1945.

Donc, où en sommes-nous? Les Ukrainiens vont continuer de se battre pour récupérer leurs territoires et les pays de l’OTAN vont continuer de les appuyer avec des armes et de l’argent. Le prochain coup viendra probablement de Poutine. Sera-t-il assez fou pour utiliser l’arme nucléaire? Si on se fie à la violence qui marque son régime depuis son accession à la présidence russe, on peut logiquement penser que oui.

C’est ce qui nous fait dire que, depuis plus de 70 ans, le monde n’a jamais été si près de l’abime. Espérons avoir tort.