le Lundi 16 septembre 2024
le Mercredi 26 octobre 2022 11:18 Éditorial

Chaud et froid sur l’éducation postsecondaire

Éditorial — Une annonce est venue battre le chaud et le froid chez ceux qui militent pour l’éducation postsecondaire en Ontario français. Le 14 octobre, le Collège Boréal obtenait une subvention de 8 millions $ pour étudier la création de programmes de baccalauréat. C’est une très bonne nouvelle, mais elle comporte des risques. Des risques pour l’Université de Sudbury (UdeS) qui tente de devenir l’université francophone du Nord et des risques pour l’Université de l’Ontario français (UOF) dans la région de Toronto où Boréal est aussi présent.
Chaud et froid sur l’éducation postsecondaire
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D’abord, le chaud.

En étudiant cette possibilité, Boréal se place en bonne position dans le peloton de tête des collèges d’arts appliqués et de technologie de l’Ontario qui offrent déjà des programmes de baccalauréat. Une nouvelle offre de programmes pourrait aussi aider Boréal à attirer de nouveaux étudiants. Mais le bénéfice le plus important ira aux étudiants qui pourront ainsi obtenir un diplôme combinant la théorie à la pratique. Cela n’est pas négligeable dans une province qui base maintenant son financement postsecondaire sur le nombre de diplômés qui obtiennent des emplois.

Boréal espère lancer de tels programmes en Sciences de la santé, en Affaires, en Métiers et technologies ainsi qu’en Environnement et richesses naturelles. Des domaines dans lesquels le Nord et la province ont de grands besoins de travailleurs.

Boréal a d’ailleurs une certaine expérience dans l’offre de tels programmes qui mènent au baccalauréat. Avant que l’Université Laurentienne décime ses cours en français, Boréal offrait un programme en Sciences infirmières qui, grâce à une entente d’articulation avec la Laurentienne, permettait aux étudiants de faire les deux premières années du cours au collège et de terminer à l’université pour obtenir un baccalauréat.

Maintenant, le froid.

Il y a déjà en Ontario trois universités, Laurentienne, Ottawa, Glendon, qui siphonnent les étudiants francophones en se disant bilingues. Il ne faudrait surtout pas qu’un collège de langue française fasse la même chose. Il ne faudrait surtout pas qu’un collège «communautaire» coupe l’herbe sous le pied d’une communauté qui a déjà affirmé haut et clair qu’elle voulait une université de langue française dans la plus grande ville du Nord de l’Ontario.

Heureusement, il y a des moyens d’éviter ça. Toutes les parties concernées pourraient tenir des rencontres ponctuelles afin de déterminer qui offre quoi et comment. Cela pourrait mener à des programmes uniques à chaque institution ou encore à des ententes d’articulation. Ces ententes pourraient d’ailleurs être améliorées en combinant certains cours connexes d’une même année sur les différents campus. On pourrait même partager des locaux spécialisés et épargner de sérieuses dépenses.

Il faut dire cependant que, lors de la conférence de presse de la semaine dernière, les dirigeants de Boréal n’ont pas beaucoup parlé de collaboration. Ça aurait pourtant éliminé la crainte d’un éparpillement de l’offre postsecondaire et ça aurait surtout démontré que notre communauté parle d’une même voix.

Il y a un autre hic dans cette affaire. L’Université de Sudbury attend toujours l’agrément du gouvernement provincial. Elle peut donc difficilement s’embarquer dans des ententes multipartites. Il est temps que la province donne une université aux francophones du Moyen-Nord.