Pourtant, la question se pose encore plus qu’avant. La politique municipale est bien différente de la politique fédérale. Comme me l’a mentionné un sage, la politique municipale peut déraper très rapidement. Et par définition, un média «local» comme Le Voyageur a plus souvent besoin de parler avec les élus municipaux que fédéraux.
Donc, comment Le Voyageur couvrira-t-il les nouvelles municipales du Grand Sudbury?
Revenons à la définition de média local… Parce que Le Voyageur n’est techniquement plus un journal local : c’est un journal régional. Nous couvrons les nombreuses municipalités dans le Nord de l’Ontario. Mais lorsqu’on le fait, on se concentre habituellement sur les questions qui touchent la francophonie.
Vous l’avez peut-être remarqué. Le nom de l’ancien maire du Grand Sudbury, Brian Bigger, n’est pas apparu très souvent dans les articles du Voyageur. Nous n’avons presque pas parlé de plusieurs controverses entourant le conseil municipal du Grand Sudbury au cours des dernières années.
Le projet du quartier de divertissement Kingsway (KED) est peut-être le sujet le plus controversé que nous ayons abordé. Nous nous sommes prononcés contre le projet dans un éditorial, mais n’avons pas couvert en détail les débats au conseil municipal ni les opinions de chacun des membres du conseil. Ce niveau de détails aurait peu intéressé nos lecteurs de Timmins, par exemple.
Règles à respecter
En tant que membre de l’Association de la presse francophone, Réseau.Presse, nous devons également adhérer à la Charte de la presse écrite de langue française en situation minoritaire au Canada et au Guide de déontologie. Nous devons les respecter pour en être membre et, dans ce cas-ci, respecter plus précisément les valeurs d’indépendance et de distance face aux pouvoirs politiques. J’ai personnellement participé à la rédaction de la Charte et j’en applique les principes.
Une des exigences de la Charte est de permettre la circulation de l’information. En ce sens, nous sommes ouverts à vous écouter et à publier des courriers des lecteurs qui demeurent respectueux et qui ne sont pas diffamatoires. Vous avez le droit d’être en désaccord avec nous et avec n’importe quel élu, mais vous devez exposer vos arguments dans le respect.
Séparation des pouvoirs
Paul Lefebvre était conscient qu’être à la fois propriétaire de médias et politicien pouvait porter atteinte à la réputation de l’un et de l’autre. Il a alors tout fait pour se distancer de la gestion de ses médias.
Je vous confie un secret : je n’ai jamais travaillé avec Paul Lefebvre. Quand je suis revenu au journal en 2015, il était déjà en campagne pour l’élection fédérale et ne venait plus au journal. Les seules fois où nous nous sommes parlé lorsqu’il était député, c’était lors d’annonces de financement. Après son élection, il a mis en place une fiducie pour ces entreprises.
Entre son départ de la politique fédérale et l’annonce de son entrée en politique municipale, nous avons sommairement collaboré sur une idée, mais il n’a pas pris la gestion de ses deux médias. Il a laissé l’équipe de direction déjà en place continuer à faire ce qu’elle sait faire et il travaillait sur d’autres projets.
Conclusion : ce n’est pas maintenant que les choses vont changer.
Pour Le Loup FM, la question est plus facile à régler. Étant donné qu’il s’agit d’une radio musicale et non d’une radio d’information, les enjeux d’éthique journalistique ne s’appliquent pas.
De son côté, Le Voyageur maintiendra son intégrité journalistique tout au long du mandat de Paul Lefebvre à la mairie du Grand Sudbury, comme il l’a fait au cours des sept dernières années.