La demande officielle a été présentée à la rencontre de la semaine dernière par l’Afrique du Sud, le seul pays africain membre du G-20. Or, le communiqué final émanant du sommet ne mentionne pas cette requête. Le Canada ne l’a même pas appuyée. Pas bien, monsieur Trudeau, pas bien!
Seules l’Afrique du Sud, la Chine, l’Indonésie et la France appuyaient ce projet. C’est à ne rien comprendre. L’Union africaine représente plus de 1,3 milliards $ de personnes et le produit intérieur brut (PIB) cumulé de ses pays membres est de 2,5 milliards $. En guise de comparaison, le PIB du Canada était de 1,99 milliard $ en 2021. Celui de la France de 2,9 milliards $. Autrement dit, l’économie africaine mérite d’être à la table.
Mais ce n’est pas juste une question de mérite, c’est surtout une question de réputation, d’influence et de développement. À la fin du siècle dernier, la plupart des économistes voyaient l’Asie comme le futur moteur du développement mondial. L’histoire des derniers 40 ans démontre clairement qu’ils avaient raison. Or, de plus en plus d’analystes croient maintenant que ce flambeau passera à l’Afrique d’ici quelques décennies. Il faudrait que le monde industrialisé s’y prépare.
Parce que, ne nous leurrons pas, les gros joueurs de la planète — la Chine, les États-Unis et la Russie — jouent déjà du coude en Afrique. Et même si, lorsqu’il est question de l’Afrique, le Canada ressemble de plus en plus à une tortue recroquevillée dans sa carapace, il a déjà été un allié incontournable.
Rappelons la fameuse Initiative africaine que le premier ministre Jean Chrétien avait fait adopter par le G-8 lors de son sommet à Kananaskis, en Alberta, en 2002. Et, toujours sous l’égide de Jean Chrétien, l’adoption par le Parlement canadien de la Loi sur l’Afrique (Africa Act) en 2005 qui permettait à l’Afrique d’obtenir des médicaments anti-sida à des prix abordables.
D’autres pays ont d’ailleurs suivi cet exemple. Lors du sommet du G-8 à Gleneagles en 2005, le premier ministre britannique Tony Blair proposait deux mesures essentielles : l’annulation de la dette nationale de certains pays africains et l’augmentation de l’aide internationale. Le flambeau a d’ailleurs été repris en 2017 par l’Allemande Angela Merkel qui, en tant que présidente du G-20, faisait adopter le Compact with Africa afin de stimuler l’investissement international dans ce continent.
Où étaient donc le Canada, la Grande-Bretagne et l’Allemagne lors du sommet de la semaine dernière? Les trois pays étaient représentés à Bali en Indonésie et ils ont discuté de choses importantes, comme le système mondial de santé, l’économie numérique et la transition énergétique, des sujets incontournables en ces temps de pandémie, de cryptomonnaie et de réchauffement de la planète.
Mais ils ont snobé l’Afrique en oubliant une donnée démographique tout aussi incontournable. D’ici 2050, il y aura plus de jeunes Africains que de jeunes Européens. C’est aussi ça, l’avenir.