le Mardi 17 septembre 2024
le Mercredi 11 janvier 2023 10:45 Éditorial

Un électorat grognon

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Plusieurs tendances inquiétantes ressortent d'un sondage récent.
Un électorat grognon
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Les Canadiens sont de plus en plus grognons quant à l’avenir du pays. C’est ce qu’indique le sondage annuel de fin d’année de la firme Nanos Research publié dans le Globe and Mail la fin de semaine dernière. Selon cette étude, 43 % des répondants croient que le pays s’en va dans une mauvaise direction, 40 % croient que nous sommes sur la bonne voie et les autres électeurs n’ont pas d’opinion sur le sujet.

Le sondeur Nik Nanos explique que même si cette différence de 3 % tombe dans la marge d’erreur du sondage, soit 3,1 %, ce résultat pose problème pour nos leadeurs politiques, autant Justin Trudeau que Pierre Poilièvre. 

La question qui se pose alors : pourquoi ce pessimisme? Difficile à comprendre parce que, dans le fond, nous vivons, comme le disait l’ex-premier ministre Jean Chrétien, dans «le plus meilleur pays au monde». Et toutes les statistiques mondiales le démontrent.

Quelques exemples, sur les 196 pays du monde :

  • Le Canada jouit de la 10e plus grande économie et se place au 20e rang quant au produit intérieur brut par habitant;
  • Depuis plusieurs années, le Canada est le premier en termes de qualité de vie, d’éducation, d’égalité des genres, de services publics et le troisième toutes catégories;
  • Nous sommes en 6e position en termes de liberté, 10e en soins de santé, 12e en sécurité, 15e en environnement.

Ces statistiques sont évidemment complexes et peuvent changer d’année en année. Et il y a bien sûr des améliorations à apporter dans plusieurs secteurs. On n’a qu’à penser à notre système de santé qu’on a longtemps cru être le meilleur au monde, mais qui s’est révélé chancelant face à la pandémie de Covid-19. 

Il y a aussi plusieurs choses qui sont spécifiques au Canada, qui ne sont pas mesurées mondialement, mais qui devraient certainement être améliorées. On pense aux relations fédérales-provinciales qui ne sont pas toujours au beau fixe, au discours politique qui s’envenime, au fossé entre riches et pauvres qui s’élargit d’année en année. Toutes ces questions devraient faire réfléchir et, surtout, agir, nos politiciens.

Comme tout sondage qui se respecte, l’étude de fin d’année de Nanos pose d’ailleurs des questions d’ordre électoral. Il en ressort que la dernière fois où, dans ce sondage annuel, les opinions négatives dépassaient les positives, c’était dans les dernières années du gouvernement Harper. Donc, problème à l’horizon pour le gouvernement Trudeau. Les intentions de vote des Canadiens indiquent d’ailleurs que les conservateurs surpassent les libéraux. Mais tout n’est pas gagné chez les bleus. Quand on demande aux répondants qui de Trudeau ou Poilièvre ils voudraient comme premier ministre, la majorité répond Trudeau.

Comme plusieurs sondages électoraux nous l’ont déjà démontré, il est difficile de prédire les résultats d’une élection, surtout pour un scrutin qui risque d’être déclenché seulement dans deux ans. Mais une chose est claire : d’ici là, nos politiciens doivent trouver un ton, une empathie, des politiques qui redonnent confiance à l’électorat. La démocratie en dépend.