le Lundi 16 septembre 2024
le Mercredi 18 janvier 2023 10:00 Éditorial

Un plus, un moins en santé

  Photo : Shutterstock
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Éditorial — Les solutions avancées par le gouvernement de Doug Ford pour régler les problèmes du système de santé auront des impacts très variés sur ledit système.
Un plus, un moins en santé
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La semaine dernière, le premier ministre ontarien, Doug Ford, annonçait qu’il évalue deux idées pour améliorer le système de santé de la province. Ford se dit maintenant prêt à rendre des comptes au gouvernement fédéral en échange d’une augmentation des transferts en santé. Il pense  aussi à transférer certaines procédures médicales à des cliniques privées.

L’idée de rendre des comptes est évidemment positive, mais le transfert de soins de santé au secteur privé comporte pas mal de points négatifs.

Depuis près de trois ans, la pandémie de Covid-19 a mis en lumière les lacunes de notre système de santé. Nos politiciens connaissent ces ratées depuis plusieurs années, mais, jusqu’à présent, leur seule solution aura été d’y garrocher de l’argent en espérant que ça colmate quelques brèches dans le système. 

La constitution canadienne est claire, le secteur de la santé est de juridiction provinciale. Dans la plupart des provinces, ce domaine représente d’ailleurs le plus important pourcentage des dépenses du gouvernement. On peut donc comprendre les premiers ministres provinciaux qui demandent plus d’argent du fédéral. 

Le problème est que l’on comprend aussi que ces mêmes premiers ministres n’ont pas été de très bons gestionnaires du système. C’est pourquoi le gouvernement Trudeau se dit prêt à transférer d’importantes sommes aux provinces, mais seulement si celles-ci lui remettent des rapports indiquant comment elles ont dépensé cet argent et quels résultats elles ont obtenus.

Jusqu’à présent, les dirigeants provinciaux ont refusé en disant au fédéral : la santé ce n’est pas de vos affaires. Doug Ford vient de briser cette impasse en annonçant qu’il est prêt à en discuter. Si d’autres premiers ministres disent la même chose, le dossier pourrait finalement avancer. Espérons que Ford pourra convaincre ses homologues.

Toujours dans l’espoir d’améliorer le système de santé ontarien, Doug Ford veut maintenant que certaines interventions médicales soient faites dans des cliniques privées plutôt que dans nos hôpitaux surchargés. En théorie, ça fait du sens. En fait, plusieurs interventions sont déjà prises en charge par le secteur privé. Mais plusieurs analystes estiment qu’un transfert de soins plus important affectera les services dans les hôpitaux.

Ils donnent des exemples. Présentement, nos hôpitaux font face à une pénurie de personnel. Comment alors le secteur privé pourra-t-il pallier ce manque? En augmentant les salaires, bien sûr. Toujours selon ces opposants, une telle augmentation des salaires ne fera qu’augmenter les couts pour ces interventions. Et cela est sans compter les profits que le secteur privé voudra retirer. Donc, aucune économie pour la province.

Toujours selon les analystes, une augmentation de salaire pour les soignants privés incitera le personnel hospitalier à y migrer. Donc, réduction de personnel dans les hôpitaux qui peinent déjà à recruter. Comment cette idée aide-t-elle le système de santé?

Selon le premier ministre Ford, les deux mesures, soit la reddition de comptes et le transfert de soins au privé, ne sont qu’à l’étude. Mais nous pouvons d’ores et déjà conclure que la première ouvre la porte à des améliorations alors que la deuxième comporte des risques pour notre système de santé.