le Mardi 17 septembre 2024
le Mercredi 15 février 2023 10:50 Éditorial

Le poids politique du Nord, prise 2

La carte électorale proposée en février 2023 par la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour l’Ontario — Image : Capture d’écran
La carte électorale proposée en février 2023 par la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour l’Ontario
Image : Capture d’écran
Éditorial — Il est maintenant évident que les membres de cette Commission\ n'ont pas n’écouté la grande majorité des intervenants.
Le poids politique du Nord, prise 2
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Réjean Grenier

En aout 2022, Le Voyageur publiait un éditorial s’opposant au rapport préliminaire de la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour l’Ontario. Ce rapport proposait l’élimination d’une circonscription du nord.

Il est maintenant évident que les membres de cette Commission ne lisent pas Le Voyageur. Ils n’écoutent pas non plus la grande majorité des intervenants qui ont fait des représentations auprès de la Commission. Elle vient de déposer son rapport final et il propose encore de couper de 10 à 9 le nombre de circonscriptions dans le nord ontarien. Réduire ainsi le poids politique du Nord est totalement inacceptable.

Le redécoupage des circonscriptions fédérales a lieu tous les dix ans. Le principe qui sous-tend cet exercice est que chaque citoyen devrait avoir un poids politique équivalent. C’est donc basé sur la population. Mais si vous relisez notre éditorial d’aout 2022, vous comprendrez que ce principe c’est de la foutaise puisqu’il a été complètement bafoué depuis la Confédération.

Ce n’est pas tout ce que la Commission pour l’Ontario a bafoué dans ce redécoupage. En juin dernier, le Parlement a adopté une loi qui stipule que la Commission doit tenir compte de la communauté d’intérêts et de l’historique des frontières d’une circonscription. Elle doit aussi s’assurer que la superficie d’un comté soit raisonnable. Ce dernier critère est complètement ignoré dans le rapport final de la Commission.

En redessinant les frontières des comtés actuels, la Commission crée deux immenses territoires et mélange complètement les «communautés d’intérêts» dans les autres circonscriptions. Comment un seul député pourrait-il desservir une circonscription de centaines de kilomètres carrés, de la rivière Batchawana au sud, à la baie d’Hudson au nord? C’est pourtant le sort qui attend la/le futur(e) député(e) de Kapuskasing-Timmins-Mushkegowuk. Et ce sera encore pire pour le·la représentant·e de Kenora-Kiiwetinoong qui est encore plus vaste. Quelle communauté d’intérêts y a-t-il entre Sault-Ste-Marie, Hornepayne et les villages au sud de la route 11? Espérons que le·la prochain·e député·e de Sault-Ste-Marie-Algoma pourra en trouver.

Tous les députés du Nord et de nombreux observateurs se sont opposés à ce redécoupage lors d’audiences publiques tenues à l’automne par la Commission. Comme ils n’ont pas été écoutés, il leur reste quand même une autre occasion pour tenter de bloquer ces frontières ridicules. Ils ont jusqu’à la mi-mars pour soumettre leurs objections au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Suite à ce dernier recours, le rapport final de la Commission sera déposé à la Chambre en juin prochain.

D’ici là, il serait bon que nous, Nord-Ontariens, manifestions notre opposition à tous les députés de la Chambre. Le Nord de l’Ontario est un vaste territoire qui crée de la richesse pour le Canada. Et ce sont nos députés qui représentent nos intérêts à Ottawa et qui s’assurent que nos richesses seront là pour nos enfants. Nous ne pouvons pas perdre un seul député.