le Lundi 16 septembre 2024
le Mercredi 1 mars 2023 10:55 Éditorial

Nos élections et le Parti communiste chinois

  Photo : Shutterstock
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Éditorial — Les récentes révélations au sujet de l’ingérence de la Chine dans les deux dernières élections fédérales posent de grands risques pour notre démocratie. Un risque pour notre mode de scrutin et un risque pour le gouvernement libéral. Le gouvernement et tous les partis politiques doivent convenir d’une méthode non partisane pour étudier cette question et, surtout, pour contrer ce genre d’interférences à l’avenir.
Nos élections et le Parti communiste chinois
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La première partie de ce travail serait de bien comprendre ce qui s’est passé lors des élections de 2019 et 2021. Selon plusieurs articles du Globe and Mail et de Global News, des acteurs au service de la Chine — en fait au service du Parti communiste chinois— ont tenté d’influencer les résultats des élections dans plus d’une douzaine de circonscriptions canadiennes. Ils auraient diffusé de fausses informations au sujet de candidats, surtout des conservateurs, vus comme étant opposés au régime chinois. Ils auraient aussi incité des personnes à faire des dons à leurs candidats de choix et auraient ensuite remboursé ces donateurs. Ce qui est illégal au Canada.

Il est important ici de noter que tous les reportages sur cette ingérence indiquent que, même si les manigances chinoises ont peut-être aidé les libéraux à confirmer quelques sièges, elles n’ont pas beaucoup changé le résultat des élections et la formation du gouvernement.

Cela n’a pas empêché plusieurs personnalités, dont l’ex-directeur général des élections, Jean-Pierre Kingsley, l’ex-directeur du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS-CSIS), Richard Fadden, et plusieurs politiciens de réclamer une enquête publique. Selon eux, si des acteurs étrangers peuvent influencer nos élections et faire élire des députés qui leur paraissent plus favorables à leur pays, notre démocratie est en danger. 

Le problème avec ces informations médiatiques, c’est qu’elles sont tirées de documents hyper secrets du SCRS. La première question qui se pose, c’est pourquoi quelqu’un au SCRS a décidé d’enfreindre la loi et de les montrer à des journalistes. Deuxièmement, peut-on se fier à des renseignements fournis sous le couvert de l’anonymat?

Quoi qu’il en soit, ces papiers contiennent des renseignements qui, si divulgués, pourraient nuire au travail des agents du SCRS et mettre en péril notre sécurité nationale. Le chef actuel du SCRS ainsi que le premier ministre Justin Trudeau s’opposent d’ailleurs à une enquête publique, justement pour cette raison. Et même ceux qui réclament une telle commission publique conviennent qu’elle devra équilibrer le droit des Canadiens à l’information avec la sécurité de l’État. Ce qui n’est pas une mince affaire.

Devant un tel dilemme, nous prédisons que nous ne découvrirons jamais le fin mot de cette histoire.

Cela ne veut pas dire que le gouvernement ne peut pas agir. Certains consuls et vice-consuls chinois se sont vantés publiquement d’avoir réussi à défaire des candidats hostiles au régime communiste. Il est fort probable que les documents secrets du SCRS identifient aussi d’autres acteurs malfaisants. Cela inclut des diplomates, certains leadeurs de la diaspora chinoise ainsi que des médias sino-canadiens. 

Le gouvernement doit expulser les diplomates qui ont appuyé ces actions et sévir contre les acteurs canadiens qui les ont soutenus.