Prenons par exemple l’arrivée de centaines de demandeurs d’asile au chemin Roxham au Québec qui sont maintenant renfloués en Ontario. Certains de ces migrants qui arrivent avec seulement leurs vêtements sur le dos, comme on dit, sont originaires de pays francophones comme Haïti et ne parlent pas anglais. Pourtant, dans sa grande sagesse, le gouvernement fédéral les déporte dans la région de Niagara. Et là, on apprend qu’ils ne peuvent obtenir les services en français requis pour rester au Canada en attendant que leur cas soit adjugé. Par exemple, ces réfugiés doivent obtenir une attestation médicale, mais se font dire qu’il n’y a pas de médecins francophones pour s’occuper d’eux.
La région de Niagara est pourtant assujettie à la Loi sur les services en français de l’Ontario. Mais, jusqu’à présent, c’est motus et bouche cousue de la part de la ministre Mulroney responsable de ses services.
La ministre est d’ailleurs assez discrète sur un autre sujet qui fait les manchettes depuis plusieurs mois. Il s’agit du projet de l’autoroute 413 du premier ministre Doug Ford. Ford imagine une route de quelque 60 kilomètres qui relierait les régions de York, Peel et Halton au nord du Grand Toronto. Le problème, c’est qu’elle passerait au sein de ce qu’on appelle la ceinture verte, où le développement urbain est banni depuis plusieurs années. Elle traverserait aussi plusieurs cours d’eau et marécages protégés ainsi que 2000 acres de terrains agricoles.
Évidemment, un tel projet a fait monter les environnementalistes et les habitants de la région aux barricades. On attend encore les résultats d’une étude environnementale, mais, encore là, pas grand-chose de la part de la ministre des Transports. On comprend, bien sûr, qu’elle peut difficilement s’opposer à son patron, mais ce qui dérange, c’est qu’elle semble avoir été écartée du dossier.
Mme Mulroney a aussi démontré récemment son penchant pour la cachoterie. Depuis près d’un an, le journal Toronto Star essaie de comprendre comment fonctionne une règlementation qui prive plusieurs automobilistes de leur permis de conduire. Ces suspensions de permis sont automatiques lorsqu’un professionnel de la santé prévient le ministère des Transports que le détenteur souffre de certaines conditions médicales. Il y a eu 280 000 suspensions de ce genre depuis 9 ans.
Afin de comprendre comment ce processus est administré, le Star a présenté de nombreuses demandes d’accès à l’information. Les fonctionnaires responsables ont donc préparé des réponses aux 35 questions du journal, mais, juste avant de les envoyer, ils ont reçu une directive du bureau de la ministre Mulroney leur interdisant de dire quoi que ce soit.
Dans ce dernier cas, la ministre ne manque pas à l’appel, mais son intervention démontre clairement qu’elle ne croit pas au droit à l’information des Ontariens. Inquiétant de la part d’une ministre sur laquelle les francophones comptent.