Depuis quelques mois, les médias canadiens sont inondés de nouvelles décrivant les efforts souterrains de la Chine pour influencer nos élections. Tous les experts s’accordent pour dire que ces manigances chinoises n’ont pas réussi à modifier les résultats des scrutins.
D’abord, un rappel des évènements. Le tout commence quand un lanceur d’alerte (whistleblower) du Service canadien de renseignements de sécurité (CSIS) dévoile aux journalistes de Global News et du Globe and Mail des rapports ultrasecrets. Il est important de noter ici que certaines allégations de cet espion canadien ont depuis été mises en doute parce qu’elles n’étaient pas accompagnées de preuves documentées. Par contre, certains journalistes ont eu accès à des documents.
Ces documents indiquent que notre agence de contrespionnage aurait obtenu des preuves que des agents et des diplomates chinois ont tenté de défaire certains politiciens qui critiquaient le régime chinois et à appuyer des candidats favorables à la Chine.
Que ces révélations soient vraies ou fausses, ou tout simplement exagérées, la Chine a déjà gagné. La faune politicomédiatique est tombée dans le panneau. Les chroniqueurs nationaux et les partis d’opposition s’en donnent à cœur-joie.
Ces divulgations sont-elles crédibles? Depuis quand le gouvernement était-il au courant? Pourquoi ces trouble-fêtes étrangers n’ont-ils pas été poursuivis ou du moins expulsés? La diaspora chinoise au Canada est-elle en danger ou même un danger? Les questions fusent et atteignent maintenant l’électorat canadien qui pose la question fondamentale : notre système démocratique est-il en danger?
Pour répondre à cette question, plusieurs veulent une enquête publique. Pour l’instant, le gouvernement tente de répondre aux questions du public en essayant de marcher sur la corde raide entre la protection de nos renseignements et de droit à l’information. Deux enquêtes ont été annoncées, celle du rapporteur spécial, le Très Honorable David Johnston qui, en tant qu’ex-Gouverneur général a une cote de sécurité élevée, ainsi qu’une autre étude qui sera menée par un comité de parlementaires qui jouissent aussi d’une telle cote de sécurité.
Le premier ministre Justin Trudeau a dit qu’il se fierait sur leurs rapports pour décider s’il déclenchera une enquête publique. Quelle que soit la teneur de ces rapports, on peut cependant encore dire que la Chine a déjà gagné.
Le but ultime de la Chine dans de telles manigances n’est pas nécessairement de faire élire des gens qui lui sont favorables, mais plutôt de déstabiliser le système. De la même façon que l’on a vu l’ingérence russe déstabiliser la politique américaine.
En tant que pays autocratique qui contrôle complètement sa population depuis plus de quatre générations, la Chine veut maintenant établir son hégémonie partout dans le monde. Pour le parti communiste chinois, n’importe quelle petite faille dans un système démocratique est une porte par laquelle il peut répandre le doute.
Le doute est la première blessure qui gangrène un système.