le Lundi 9 septembre 2024
le Mercredi 3 mai 2023 11:16 Éditorial

Nos deux universités, prise 2

  Photo : Archives
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Éditorial — Retour sur 2 communiqués émis la semaine dernière par l'Université Laurentienne.
Nos deux universités, prise 2
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Les semaines se suivent et se ressemblent de plus en plus. La semaine dernière, notre éditorial tentait d’analyser les manchettes de journaux qui ont parlé de nos deux universités dans le dernier mois. 

Mais ce n’était rien comparé à la semaine dernière alors que l’Université Laurentienne (UL) émettait à elle seule deux communiqués de presse. Comme tous deux parlaient d’argent et que les finances sont le sujet de l’heure pour cette institution qui frôlait la faillite il y a deux ans, disons que ça mérite que nous analysions ça.

Le premier communiqué annonçait que la Laurentienne a reçu quelques 5 millions $ pour l’enseignement du Français langue seconde (FLS) et la construction d’un laboratoire de langues. Le deuxième communiqué indiquait que le conseil des gouverneurs de l’université a approuvé un budget de 196 millions $, incluant un excédent de 8 millions $ pour l’exercice 2023-2024. 

Prenons d’abord le budget. C’est évidemment une bonne nouvelle. Ça démontre que le processus de restructuration de l’UL commence à porter fruit. La santé financière de l’institution est à applaudir, mais rappelons qu’elle se fait sur le dos de la soixantaine de programmes — dont 29 en français — qui ont été éliminés. Et sur le dos d’une réduction des salaires des professeurs. Enfin, ceux qui restent. Et elle se fait probablement grâce aux 5 millions $ pour enseigner le français aux anglophones annoncés dans l’autre communiqué. 

C’est d’ailleurs ce premier communiqué au sujet du FLS qui en a fait tiquer plusieurs. Selon l’UL, ce programme permettra d’enseigner non seulement le français aux anglophones et l’anglais aux francophones, mais aussi le français et l’anglais aux nouveaux arrivants. Ce qui reste à voir pour un financement qui indique bien «Français langue seconde» et non pas English as a Second Language, un programme déjà offert à Sudbury. De plus, disons que l’enseignement du FSL dans une université qui n’a même plus de département d’Études françaises pour les francophones donne à penser. 

Le financement de 5 millions $ provient de l’Entente Canada-Ontario. Cette entente comprend plusieurs volets, dont le Programme des langues officielles en éducation (PLOE), un programme fédéral qui transfère de l’argent aux provinces pour soutenir leurs initiatives en éducation en français. Le PLOE est géré par les provinces, mais elles doivent normalement obtenir l’aval du ministère fédéral des Langues officielles avant d’aller de l’avant. 

Or, dans le cas présent, le secrétaire parlementaire à la ministre des Langues officielles et député de Nickel Belt, Marc Serré, indique que la subvention accordée à la Laurentienne provient d’une autre partie de l’Entente Canada-Ontario qui ne nécessite pas l’approbation du fédéral. Il dit que le fédéral n’en a tout de même jamais été informé. 

M. Serré dit que les ministères fédéraux des Langues officielles et de Patrimoine canadien, qui financent ces ententes fédérales-provinciales, avaient pourtant déjà indiqué à l’Ontario que, dorénavant ils ne financeraient que des projets «pour et par» la communauté francophone. Il croit que le projet de FLS annoncé la semaine dernière ne répond pas à ce critère.

Le député a d’ailleurs écrit une lettre à la rectrice intérimaire de l’UL, Sheila Embleton, demandant des explications. Il dit que le bureau de la ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas-Taylor, est aussi en communication avec le ministère ontarien des Collèges et Universités pour démêler cette histoire.