Madame Embleton y parle des lendemains de la restructuration financière de l’université et donne quelques indications sur l’avenir qu’elle prévoit pour l’institution. Sur cet avenir, la rectrice reste cependant assez vague, puisque la plupart des recommandations des dispendieuses études lancées pendant la sortie de crise financière n’ont pas encore été mises en œuvre.
Questionnée au sujet des programmes en français et d’une éventuelle collaboration avec l’Université de Sudbury (UdeS) qui veut devenir une université de langue française, elle est encore plus vague. Il est clair que ce ne sont pas ses priorités. Ce qui est clair aussi, c’est qu’elle connait très mal la communauté francophone du nord.
Quand on lui demande si elle a rencontré des représentants de la communauté francophone, elle dit avoir rencontré des gens de l’Université de Hearst et avoir de bonnes relations avec le recteur de l’UdeS, Serge Miville. Bravo. Mais, malgré les grandes connaissances de ces dirigeants, jaser avec deux ou trois universitaires, ce n’est pas prendre le pouls de la communauté franco-ontarienne.
Mais là où on comprend qu’elle ne comprend pas, c’est lorsqu’on la questionne sur la revendication unanime de la communauté francophone : une université de langue française qui regroupe tous les programmes universitaires en français offerts à Sudbury.
Sur cette question, elle revient sur l’histoire. En fait, elle déforme l’histoire. Elle maintient que la Laurentienne «a une longue histoire de services auprès de la communauté francophone». On imagine qu’elle croit que les premiers 10-15 ans de l’UL représentent une longue histoire, parce qu’après cet idéalisme des années 1960, la Laurentienne est devenue une université anglaise qui offre quelques services en français.
La rectrice affirme aussi, probablement on a hunch, que la communauté de la Laurentienne ne veut pas être unilingue. Bien sûr, la plupart des professeurs engagés dans la francophonie ont été licenciés. Et comme dans toutes entreprises, les travailleurs n’apprécient pas les changements… drastiques. De toute façon, ce n’est pas à eux de décider, c’est à la communauté.
Mais là où Madame Embleton démontre sa parfaite incompréhension de la communauté francophone, c’est quand Le Voyageur lui demande de commenter l’affirmation que les universités bilingues sont des moteurs d’assimilation. Elle répond sans aucune gêne que «si vous n’offrez pas [l’environnement bilingue], vous vous retrouvez avec deux solitudes».
Quel embarras! On a un peu honte pour elle.
D’affirmer ce lieu-commun, c’est de croire que les élèves de nos écoles et collèges français sont encarcanés dans deux solitudes. Voyons donc! C’est complètement ridicule. En fait, les diplômés de nos écoles françaises forment probablement la majorité des Canadiens vraiment bilingues et biculturels.
Il serait maintenant bon de demander à Mme Embleton si elle croit que des écoles autochtones créeraient une troisième solitude.