le Lundi 17 février 2025
le Mercredi 13 septembre 2023 11:00 Éditorial

Le Canada vs Google et Meta

  Photo : Shutterstock
Photo : Shutterstock
Éditorial — Le bras de fer entre le gouvernement canadien et les géants du web, Meta et Google, ne semble pas trouver de résolution.
Le Canada vs Google et Meta
00:00 00:00

Rappelons que les deux monopoles refusent de se plier à la loi C-18 qui les oblige à payer des redevances aux médias canadiens dont les articles et autres reportages sont partagés à travers leurs sites. Un rééquilibrage des forces, pourrait-on dire. Apparemment le ministère du Patrimoine canadien est encore en pourparlers avec Google, mais Meta, propriétaire de Facebook et Instagram, continue de «bucker». 

Il y a quelques semaines, le gouvernement publiait la règlementation découlant de C-18. Selon ce document, Google et Meta devraient conjointement payer quelque 230 millions $ par année aux médias canadiens. Pour ces compagnies, quelque 115 millions $ chacun, c’est des pinottes. Mais dès l’annonce de la règlementation, Meta a dit non. 

Difficile à accepter de la part de sociétés qui engrangent des profits astronomiques. En 2022, Google a généré des revenus de 279,8 milliards $ pour des profits nets de 60 milliards $. Meta est un peu plus pauvre — ha! ha! — avec des revenus en 2022 de 116,6 milliards $ et des profits de 23 milliards $. 

Histoire de mettre ça en perspective, rappelons que 1 milliard $, c’est 1000 millions $. 

Rappelons d’où vient la majeure partie de leur revenu : la publicité. À elles seules, ces deux entreprises contrôlent 80 % du marché de la publicité en ligne. 

Ce conflit alimente déjà plusieurs élucubrations sur le web. Certains affirment que c’est un plan machiavélique de Justin Trudeau — oui, le premier ministre — pour augmenter le contenu canadien sur le web. D’autres croient que c’est une façon pour le gouvernement de contrôler leurs activités sur les réseaux sociaux. Ces gens-là ne comprennent rien à l’affaire. Le fond du dossier, c’est une question de droits d’auteur.

Dans presque tous les pays, la création intellectuelle est protégée par le droit d’auteur. L’auteur-autrice d’une œuvre, qu’elle soit musicale, littéraire, journalistique ou en arts plastiques, possède ce bien et a le droit de jouir de sa valeur commerciale. Les auteurs partagent souvent ce droit avec des éditeurs, des producteurs, des galeries qui mettent ces œuvres en vente. Normalement ce partage est régi par un contrat. 

C’est ce qui protège les différents contenus médiatiques. Par exemple, un journal a normalement un contrat avec ses journalistes et chroniqueurs. Ce contrat comprend une clause qui confère les droits d’auteur de ces employés au journal contre un salaire. Ce sont ces droits que les réseaux sociaux bafouent allègrement.

Les lois sur les droits d’auteurs stipulent qu’une personne qui retire un profit de l’utilisation d’une œuvre doit compenser la personne ou la société qui en détient les droits. Or il est clair que l’affichage de reportages sur les réseaux sociaux crée de l’achalandage, donc des revenus pour Google et Meta. Plutôt que de partager une infime partie de ces revenus avec les créateurs ou leurs mandataires, Meta bannit maintenant toutes nouvelles sur son site — aussi bien canadiennes qu’international. Par exemple, nous ne pouvons même plus consulter les sites des journaux américains. 

Ce sont les millions de Canadiens qui se fient aux réseaux sociaux pour obtenir des nouvelles qui en font les frais. Il est temps que ces monopoles sans foi ni loi se plient aux lois canadiennes et gagnent un minimum de respect pour leurs utilisateurs qui leur permettent d’être milliardaires.