Les politiciens font un travail colossal. En plus de défendre les intérêts de leurs électeurs — les milliers de plaintes et besoins qui sont acheminés à leur bureau de circonscription —, ils doivent diriger un pays vers l’avenir. Les décisions qu’ils prennent, les politiques qu’ils adoptent nous affectent tous. Mais la plus grosse job d’un politicien, c’est de susciter l’espoir en l’avenir. C’est particulièrement vrai pour un chef de parti.
L’histoire politique des derniers 50 ans nous le démontre. Les Canadiens ont élu Pierre Trudeau qui, en 1968, nous promettait une société juste. Ils ont élu Brian Mulroney qui promettait une économie florissante grâce au libre-échange. Et ils ont élu Jean Chrétien qui promettait d’assainir les dépenses du gouvernement afin de réduire notre dette nationale. Toutes ces promesses donnaient confiance en l’avenir.
Il est évidemment difficile pour un gouvernement de maintenir ce niveau d’espoir. À preuve, la plupart des gouvernements sont défaits après 10 ans au pouvoir. Cet éventuel déficit d’espoir est bâti dans notre système démocratique. La tâche des partis d’opposition consiste en bonne partie à miner la confiance que les électeurs peuvent avoir dans un gouvernement. Mais il y a une marge entre détruire la confiance dans un gouvernement et détruire la confiance dans le pays,
C’est pourtant ce que fait le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilièvre, en répétant ad nauseam que le pays est brisé. Un récent sondage démontre d’ailleurs que les Canadiens le croient et n’ont plus confiance en l’avenir. Ce qui les préoccupe, c’est surtout l’économie. C’est ce qui arrive quand les électeurs ont une compréhension de surface de l’économie. On peut lui faire croire que tous les problèmes ont la faute du gouvernement. Même si ce n’est pas vrai.
Un nouveau texte de David Parkinson, chroniqueur économique au Globe and Mail, démontre d’ailleurs point par point comment nous connaissons tellement mal l’économie que n’importe quel politicien peut nous enfirouaper.*
Le sondage de 2500 Canadiens révèle que 59 % des répondants croient que l’économie va mal. Mais, selon Parkinson, leurs réponses au sondage sont basées sur l’ignorance.
Par exemple, la plupart des répondants croient que c’est le gouvernement qui détermine les taux d’intérêt; 87 % pensent que le taux d’inflation au Canada est un des plus hauts des pays industrialisés; et ils sont certains que ce sont les dépenses gouvernementales et la taxe sur le carbone qui causent cette inflation.
Or toutes ces réponses font fausse route. Les taux d’intérêt sont décidés par la Banque du Canada qui est indépendante du gouvernement; au Canada, l’inflation est actuellement autour de 2,8 %, soit le taux le plus bas des pays du Groupe des sept (pays les plus industrialisés) et parmi les plus bas des 38 pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE); une étude de la Banque du Canada indique que l’impact de la taxe du carbone sur l’inflation n’est que de 0,15 %.
M. Parkinson poursuit avec un petit exposé sur les principes de l’offre et de la demande et de la chaine d’approvisionnement qui expliquent les ratées de l’économie. À lire. Absolument à lire. C’est en comprenant ces rouages que nous ne nous laisserons pas emberlificoter par des charlatans. Et que nous pourrons renouer avec l’espoir en l’avenir.