le Lundi 17 février 2025
le Mercredi 27 septembre 2023 11:05 Éditorial

La verdure étouffera-t-elle Doug Ford?

  Photo : Shutterstock
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Éditorial — Ce énième revirement depuis qu’il est élu ne fait que démontrer son amateurisme. Un amateur pas trop réfléchi.
La verdure étouffera-t-elle Doug Ford?
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Bon, le gouvernement ontarien ne permettra pas aux chums du premier ministre de construire des maisons dans la ceinture de verdure. Lors d’une conférence de presse qui ressemblait plus à une confession — mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa —, Doug Ford est revenu sur sa décision de permettre des développements immobiliers sur près de 3000 hectares de terres protégées. Ford espère que cette annulation fera taire ses critiques et fera remonter son parti dans les sondages.

Il se trompe peut-être. Ce énième revirement depuis qu’il est élu ne fait que démontrer son amateurisme. Un amateur pas trop réfléchi.

Parce que ce n’est pas la première fois qu’il change d’idée comme de chemise. On peut penser, entre autres, à sa décision de fermer les parcs publics lors de la pandémie. Pourtant les autorités affirmaient qu’être à l’extérieur amenuisait les risques de contamination de la covid. Encore là, ça lui a pris longtemps avant de réaliser que plusieurs enfants vivant en appartement n’avaient aucun autre endroit pour jouer dehors. 

Certains diront que ces revirements démontrent plutôt une personne qui écoute ses adversaires, ses conseillers, et qui est capable d’admettre une faute. Ce qui serait admirable, bien sûr. Mais rappelons que la décision de couper 2994 hectares de terres dans la ceinture de verdure a été annoncée en novembre 2022, alors que tout le monde à l’extérieur de son parti disait que c’était une mauvaise idée, un projet inutile. Ça lui a pris près d’un an pour enfin comprendre. Pas trop vite, l’amateur!

Même si ça lui a pris du temps, changer d’avis n’est pas le pire scandale qui découle de la saga de la ceinture de verdure. Ce qui est pire, c’est comment la décision originale d’y construire des maisons a été prise.

Après avoir étudié cette décision, la vérificatrice générale et le commissaire à l’éthique de l’Ontario ont tous deux conclu qu’elle avait été influencée et même téléguidée par des développeurs immobiliers. Des gens qui donnent de grosses sommes au parti conservateur et des gros cadeaux lors du mariage de la fille de Ford. Disons que ça ne sent pas bon.

Ça ne sent tellement pas bon que toute cette histoire a forcé la démission de deux de ses ministres ainsi que d’un conseiller politique du ministre du Logement. Ça rappelle le dicton des rats qui quittent un bateau qui prend l’eau.

La question qui se pose maintenant est de savoir si Ford réussira à surmonter cet écueil politique avant les prochaines élections. S’il n’y a pas de cataclysme politique, la prochaine élection se tiendra en 2026. Ça laisse pas mal de temps pour que la poussière retombe. Et pour que la mémoire des électeurs s’estompe. 

Il faut aussi avouer que les partis d’opposition ne semblent pas capables de capitaliser sur ce fiasco politique. Les plus récents sondages donnent aux libéraux, qui sont en pleine campagne au leadeurship, de 23 à 27 % des intentions de vote et les néodémocrates entre 23 et 26 %. Les conservateurs ont perdu des plumes, mais tous les sondages les donnent encore gagnants.

C’est à croire que les électeurs ontariens aiment les amateurs.