Né à Jérusalem en 1925, Khalidi est issu d’une famille d’intellectuels palestiniens. Il a étudié à Oxford pour ensuite y enseigner. Il a quitté ce poste en 1956 pour protester contre l’invasion britannique de Suez. Il a ensuite enseigné à l’American University of Beirut, à Harvard et à Princeton. Il a vécu de l’intérieur la partition de la Palestine et l’analyse dans plus de 25 publications.
En 1988, Israël et les enclaves palestiniennes étaient au beau milieu de la première Intifada, une révolte des jeunes Palestiniens lanceurs de pierres. Khalidi y voyait le début des violences à venir.
Dans son texte, Khalidi indique trois changements qui influenceraient éventuellement l’avenir non seulement de la Palestine, mais de toutes les relations internationales.
Il explique le durcissement des règles d’immigration dans les pays limitrophes — la Jordanie, le Liban et l’Égypte, pour ne nommer que ceux-là. Contrairement à la génération précédente qui avait pu fuir l’expulsion forcée des Palestiniens par les forces armées israéliennes, ces jeunes de 1988 n’avaient nulle part où aller. Tout comme aujourd’hui d’ailleurs, alors que ces pays refusent d’accepter les Palestiniens qui tentent de fuir le conflit actuel.
Walid Khalidi décrit aussi le remplacement de l’identification panarabique, qui regroupait les pays arabes des années 1950 et 1960 par un mouvement religieux qu’il décrit comme le panislamisme. Les attentats islamistes que nous connaissons depuis plus de 20 ans lui donnent raison.
Finalement, l’historien explique que de 1880 à 1948, le conflit se limitait à l’affrontement entre les juifs installés en Palestine et les Palestiniens. De 1948 à 1967, les conflits impliquaient surtout Israël et les pays arabes environnants. Or, depuis 1967, Khalidi remarque une montée du radicalisme au Moyen-Orient qui annonce le désenchantement grandissant des pays arabes et surtout des Palestiniens envers les États-Unis.
Bien que les États-Unis aient joué un rôle prépondérant dans de nombreuses percées diplomatiques concernant le Moyen-Orient — des accords de Camp David au traité de paix entre l’Égypte et Israël, entre autres — le leadeurship palestinien ne les voit plus comme un juge impartial en ce qui concerne la Palestine et Israël. Selon les Palestiniens, les États-Unis sont un allié indéfectible d’Israël qui est prêt à lui pardonner toute incartade. Le récent discours du président américain, Joe Biden, en faveur d’une aide militaire à Israël et à l’Ukraine en est une preuve. Il n’y mentionne les résidents de la Bande de Gaza que pour faire bonne mesure.
Cette conclusion des la part des Palestiniens est particulièrement dangereuse puisque plusieurs se tournent maintenant vers l’Iran, la Russie, la Chine et d’autres dictatures pour trouver des alliés. Ce revirement est d’autant plus marquant que le monde vit présentement un équilibre précaire entre démocraties et autocraties.
Khalidi avait vu juste.