Nos clients nous resteront-ils fidèles? Nos fournisseurs augmenteront-ils leurs prix? Ferons-nous des profits? Mais tout ça est normal. Ce qui ne l’est pas, c’est l’incertitude dans la règlementation de l’industrie. C’est ce qui arrive actuellement aux grands projets industriels au Canada. Notamment pour le fameux gisement minier du Cercle de feu, dans le Nord ontarien.
L’incertitude actuelle découle du récent jugement de la Cour Suprême qui déclare que la Loi fédérale sur la protection de l’environnement est inconstitutionnelle. La Cour a jugé que la loi, tel qu’elle est présentement rédigée, porte atteinte aux droits des provinces qui sont constitutionnellement responsables des richesses naturelles. Cette responsabilité touche entre autres les secteurs miniers et forestiers.
Le fédéral a cependant juridiction sur les questions qui touchent les pêcheries, la population aviaire, les espèces à risque et les droits autochtones. Ce qui porte le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, à expliquer qu’Ottawa a toujours son mot à dire sur l’impact des projets de richesses naturelles. Il affirme que son ministère n’a qu’à modifier certains passages de la Loi actuelle.
Les provinces ne sont évidemment pas d’accord. Dès l’annonce du jugement, la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, s’est empressée de dire au fédéral de se mêler de ses affaires. Entretemps, des projets, comme le Cercle de feu, ne savent plus sur quel pied danser. C’est l’incertitude.
On dit que la région du Cercle de feu est un des plus importants gisements de chromite ou fer de chrome, de nickel et de cuivre, au Canada. Et tous ces minéraux sont de plus en plus en demande pour les batteries qui alimentent les nouvelles technologies, incluant les voitures électriques.
Le gisement a été découvert en 2003 et n’est toujours pas exploité. Il a eu au moins trois propriétaires — l’américaine Cliffs Natural Ressources, la canadienne Noront Ressources et maintenant l’australienne Wyloo Metals. Son histoire court sur plusieurs pages dans Wikipédia, mais le gisement est toujours embourbé dans des questions environnementales.
Les différents propriétaires ont conclu plusieurs ententes avec des Premières Nations situées à proximité, mais d’autres communautés autochtones sont toujours opposées au projet. C’est ce qui motive l’étude d’impact environnemental actuellement menée par le fédéral. Mais le récent jugement de la Cour Suprême vient de mettre un gros point d’interrogation sur cette étude.
L’Ontario a déjà indiqué son appui au projet et sa loi sur l’impact environnemental de tels projets est beaucoup moins compliquée que le système fédéral. Wyloo Metals et son principal allié, la Première Nation de Webequie, pressent donc le fédéral de clarifier sa situation. Webequie attend toujours la construction d’une route qui éliminerait son isolement et Wyloo veut commencer l’exploitation.
Toutes deux disent que tout retard affectera la position du Canada dans le développement des nos minéraux critiques. Le pays ne peut se permettre un retard dans cette course.