Pendant le Mois du patrimoine, nous célébrons notre héritage en tant que citoyens francophones de l’Ontario. C’est notre langue, notre culture, nos édifices, notre littérature, notre musique, etc. C’est notre façon de vivre depuis les 400 ans que nous occupons le territoire ontarien. Le Mois de l’histoire des Noir.e.s c’est la célébration d’une histoire, d’une culture qui est venue enrichir nos traditions, notre façon de vivre ici.
À Sudbury, depuis novembre 1998, un événement met cette double célébration en vedette. C’est le Cabaret africain. Dès le premier Cabaret, Le Voyageur publiait un éditorial qui le qualifiait de premier party de Noël. Et même si la version de cette année aura lieu dans trois semaines – Mois de l’histoire des Noir.e.s oblige – cet évènement ressemble encore à nos partys traditionnels.
Comme nos tantes qui sortaient leurs plus beaux vêtements pour la messe de minuit, le Cabaret propose toujours un défilé de mode. Les couleurs et les styles y sont tout aussi chatoyants que les chapeaux de nos mères. Comme la table du réveillon traditionnel, le Cabaret offre de quoi se remplir la panse. Avouons que les mets africains sont un peu plus relevés que la dinde et la farce traditionnelles, mais les convives les mangent dans le même esprit festif qui marquait nos soupers de Noël. Pour terminer une soirée de Noël, ça prend bien sûr de la musique et les rythmes africains présentés au Cabaret n’ont rien à envier aux gigues et rigodons de nos violoneux.
Ce lien entre nos soirées de Noël traditionnelles et le Cabaret africain démontre bien ce qui unit l’humanité, ce qui unit une communauté franco-ontarienne de plus en plus plurielle.
Une douzaine d’années après la première itération du Cabaret, cette manifestation culturelle fait maintenant partie de notre patrimoine. Pour plusieurs Sudburois – de souche ou de l’immigration – c’est un must annuel.
C’est ainsi que se bâtit le patrimoine. Les « immigrants » du Lac-Saint-Jean nous ont apporté la tourtière, nos voisins originaires du Nouveau-Brunswick ont fait découvrir le homard à une population vivant pas mal loin de la mer. Les premiers colons du nord de l’Ontario ne connaissaient pas les fruits de mer, ni le couscous, mais les nouvelles générations en raffolent. Ces mets font maintenant partie de leur vie.
On peut dire la même chose au sujet de la musique. Le monde est de plus en plus métissé et nous en sommes tous gagnants. Ce n’est pas parce que nous écoutions La bottine souriante que nous n’apprécions pas Led Zeppelin.
Le patrimoine n’est pas statique. Chaque génération, chaque nouvel arrivant y apporte sa contribution. C’est ainsi que ce mois-ci nous célébrons le Mois du patrimoine et le Mois de l’histoire des Noir.e.s en même temps. Yeah, deux fois plus de plaisir !