Mais la tentation révisionniste est forte. Et ses relents viennent de se manifester au nord-ouest de l’Ontario, proche de Thunder Bay. L’administration de la municipalité de Greenstone a retiré au drapeau franco-ontarien son caractère permanent, au motif fallacieux de faire l’équité entre les communautés culturelles. Vraiment ?
Ainsi, pour rendre justice et faire de la place aux communautés autochtones, l’administration de Greenstone n’a pas trouvé mieux que de déposséder la communauté francophone locale de son drapeau. Ce qui revient à réparer une injustice par une autre. À croire que les chemins de la réconciliation passent nécessairement par la négation de l’identité franco-ontarienne.
La démarche est si maladroite qu’on serait tentés – à notre tour – de douter de la bonne foi des inspirateurs de cette décision. Reconnaitre les communautés autochtones est quelque chose de salutaire, de souhaitable et à encourager. Mais pourquoi, Sirs, opposer le principe autochtone à celui franco-ontarien ?
Il faut dire qu’il y a quelque chose de sournois, voire de vicieux dans le procédé. À se demander d’ailleurs si la finalité de la démarche n’est pas de se servir de la réconciliation comme bouclier pour retirer au drapeau franco-ontarien son caractère immuable.
Par ce geste pour le moins provocateur, l’administration de Greenstone vient de créer un précédent qu’il convient de ne pas prendre à la légère. C’est un pas franchi vers le passé et donc vers la remise en cause des acquis des Franco-ontariens. Et comme un pas engage souvent un autre, cela ne manquera pas d’inspirer d’autres idées révisionnistes. L’histoire est pleine d’enseignements dans ce sens.
L’appel au ralliement lancé par l’Association des francophones du Nord-Ouest de l’Ontario (AFNOO) aux communautés francophones de la région pour s’y opposer doit trouver un écho plus large dans la province. L’Ontario a besoin de tous ses francophones. Ce qui se joue à Greenstone risque de se produire ailleurs, si la mobilisation n’est pas à la hauteur de l’affront.
À l’endroit de l’administration de Greenstone qui mentionne qu’un mât coute trop cher pour le réserver en permanence au drapeau franco-ontarien, Le Voyageur est prêt à lancer une collecte de fonds pour lui en offrir un et permettre modestement au lys, au trille, au vert et au blanc de continuer à flotter dans le paysage local.