Ce qui est incompréhensible dans cette attitude négative c’est qu’en même temps, la majorité des Canadiens veut que nos industries et nos gouvernements fassent quelque chose pour contrer les changements climatiques. Aucun Canadien ne veut vivre dans la boucane des feux de forêt et les inondations de l’été dernier. Et nous savons tous que ces bouleversements sont dus aux gaz à effet de serre, comme le carbone et le méthane.
Comment alors expliquer notre dualité d’opinion? C’est simple, c’est de la petite politique. C’est un leader conservateur qui martèle des demi-vérités depuis un an et qui est convaincant. Quand une caissière te dit que tous les prix vont augmenter cette semaine à cause de l’augmentation de l’essence, tu comprends que le chant des sirènes de Pierre Poilièvre résonne. Parce qu’en fait, cette augmentation ne représente que 0.15 % de l’inflation. Pensez-y, 0.15 % de 3 %.
Par ailleurs, il faut se souvenir que les Canadiens reçoivent un chèque du gouvernement pour compenser la tarification du carbone. Pour 8 sur 10 citoyens, ce chèque est plus gros que l’augmentation qu’ils ont payé. Mais ça, nos petits politiciens n’en parlent pas. Ça s’appelle mentir par omission pour gagner une élection.
Il y a bien sûr d’autres moyens pour contrer les émissions de carbone. Le gouvernement pourrait imposer une taxe directement aux producteurs. C’est ce qu’il a fait il y a quelques années pour réduire les émissions de méthane. Et c’est un succès. On prévoit que ces émissions seront réduites de 30 % d’ici 2030. Mais ne vous leurrez pas. Les sommes que les industries ont consacrées à cette réduction nous ont été transférées. C’est une des raisons qui motivent les hausses du prix du pétrole.
Le grand avantage de la tarification du carbone à la pompe c’est que, contrairement à une taxe sur la production qui nous est automatiquement retransmise, elle donne le choix au consommateur. Nous pouvons choisir de laisser la voiture dans le garage et de prendre les transports en commun; nous pouvons décider de porter des gilets de laine et de réduire le chauffage de nos maisons de quelques degrés; nous pouvons décider de prendre le train pour une vacance canadienne plutôt que de faire un voya ge en avion dans le sud.
Il est évident que personne n’aime payer plus cher pour quoi que ce soit. Mais soyons réalistes, essayer de contrer les changements climatiques coûtera toujours quelque chose. Avec la tarification du carbone, nous en connaissons le prix. L’alternative serait de vouer la terre à une mort à petit feu.