le Lundi 16 septembre 2024
le Mercredi 22 mai 2024 11:00 Éditorial

Loin des yeux, loin du cœur

Place des Arts du Grand Sudbury.  — Photo : Page Facebook Place des Arts du Grand Sudbury
Place des Arts du Grand Sudbury.
Photo : Page Facebook Place des Arts du Grand Sudbury
Ce vieux dicton s’applique de plus en plus à nos gouvernements, que ce soit celui de Queen’s Park ou celui d’Ottawa. À preuve, la situation financière précaire de la Place des Arts du Grand Sudbury (PdA).
Loin des yeux, loin du cœur
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À la lumière des chiffres dévoilés dans Le Voyageur la semaine dernière, notre centre des arts doit maintenant combler un déficit de près de 500 000 $. Le président du conseil d’administration de la PdA, René Lapierre, dit espérer que les gouvernements augmenteront leur soutien à l’un des plus importants centres des arts du Nord de l’Ontario. Une courte recherche sur les montants alloués à d’autres centres similaires dans la région d’Ottawa démontre cependant que nous sommes loin du cœur.

Prenons d’abord le gouvernement Ford. Rappelons qu’avec une subvention de quelque 8 millions $, ce n’est pas la province qui a été la plus généreuse lors du prélèvement de fonds préconstruction. Et que depuis son ouverture il y a deux ans, PdA ne reçoit annuellement que 75 000 $ du Conseil des Arts de l’Ontario.

Les fonctionnaires provinciaux indiquent que c’est parce qu’il n’y a pas de programme ontarien pour ce genre de soutien. C’est donc au côté politique d’agir. Le Premier ministre Doug Ford est capable de dépenser des milliards pour développer les abords du lac Ontario à Toronto ainsi que d’autres milliards pour construire une autoroute que personne ne veut au nord de Toronto. Il doit maintenant trouver le moyen de financer la culture du Nord. Il y a à Sudbury et dans le Nord de gros conservateurs qui devraient mettre leurs culottes et convaincre le gouvernement Ford.

Passons maintenant au fédéral qui, rappelons-le, a une responsabilité constitutionnelle envers les minorités. Ottawa a donné 12,5 millions $ pour la construction de Place des Arts et 125 000 $ annuellement pour couvrir les frais d’exploitation. Ce n’est pas assez pour permettre à un bien public comme la PdA de fonctionner correctement.

Un des problèmes de la PdA est qu’elle n’a pas eu assez de fonds de construction et de démarrage et qu’elle se retrouve avec des paiements hypothécaires de plus de 160 000 $ par année. À ce chapitre, la pandémie et ses suites n’ont pas aidé non plus. Examinons donc comment le financement fédéral est minime à Sudbury comparé à la région d’Ottawa. 

En 2016, le gouvernement fédéral a octroyé 110,5 millions $ au Centre national des Arts pour des… rénovations. Bon, on comprend que le CNA, c’est un joyau national et que ça doit être beau et grandiose, mais quand même, c’est beaucoup. Il y a quelques semaines, le fédéral annonçait une subvention de 36 millions $ pour une expansion du MIFO, le centre culturel d’Orléans, en banlieue d’Ottawa. Orleans a une population totale de 139 000 comparé aux 166 000 habitants de Sudbury. Orleans, comme Sudbury, compte quelque 42 000 francophones. Il n’y a qu’une raison pour cet écart de financement : loin des yeux, loin du cœur.

Soyons clairs : nous croyons que le MIFO mérite amplement la subvention annoncée. Loin de nous l’idée d’enlever à Paul pour payer Pierre. Nous ne réclamons que justice.

Les gouvernements aiment beaucoup que les Asks soient claires et chiffrées. Alors voici ce que nous demandons d’Ottawa et de Queen’s Park. Qu’ils se débrouillent pour définir qui donne quoi et comment. Nous voulons une rapide subvention de 1 million $ afin d’éponger la dette actuelle et de donner une petite marge de manœuvre à la PdA. Ensuite, nous réclamons 1 million $ par année en fonds d’exploitation pendant les dix prochaines années. Nous le méritons. Point à la ligne.