le Mardi 15 octobre 2024
le Mercredi 24 juillet 2024 11:00 Éditorial

Montée de la droite

Certains développements politiques cette année sembleraient indiquer que la droite autocratique gagne du terrain partout dans le monde.
Montée de la droite
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C’est ce qu’on pourrait croire en suivant les soubresauts de la présente campagne présidentielle aux États-Unis ou les résultats des récentes élections européennes. Quant aux autocraties déjà établies, la Russie, la Chine, la Hongrie et la plupart des régimes africains, elles continuent de fleurir sans réelle opposition.

Aux États-Unis, il est clair que le candidat Donald Trump a un penchant vers l’autocratie. Par exemple, il a refusé d’accepter les résultats de la dernière élection; il a fomenté l’insurrection du 6 janvier 2021, afin d’empêcher les élus du Congrès de certifier l’élection de son opposant; il affirme que la fonction publique américaine devrait être asservie à la présidence; pendant la présente campagne, il a même dit qu’il deviendrait un dictateur s’il est réélu. 

Tous les discours de Trump, et surtout les réactions de ses supporteurs, indiquent que l’autocratie gagne du terrain même dans la plus vieille démocratie du monde. Certains pourraient contrer que la constitution américaine comprend des freins et contrepoids (checks and balances) qui éventuellement contiendront cette poussée vers la droite, mais, pour l’instant, l’autocratie gagne.

En Europe, la plupart des pays membres de l’Union européenne ont aussi connu une montée de l’extrême droite lors des récentes élections au Parlement européen. La France, l’Italie, la Belgique, l’Autriche et la Hongrie ont toutes envoyé une majorité de représentants de la droite à Bruxelles. Devant ce raz de marée, le président français, Emmanuel Macron a tenté de contrer la montée du Rassemblement national dans son pays en déclenchant des élections. C’est une coalition de la gauche qui a remporté le plus de sièges, mais pas assez pour former un gouvernement. La droite continue de déstabiliser. 

Certains pourraient argumenter que la démocratie gagne du terrain dans quelques pays. Par exemple, l’ex-président socialiste du Brésil, Lula da Silva a délogé le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, mais un peu plus d’un an après sa victoire, son gouvernement bat de l’aile. En Iran, les médias occidentaux ont salué la victoire de Masoud Pezeshkian au récent scrutin, en affirmant qu’il est un réformateur. Rappelons cependant que, pour se présenter, tous les candidats devaient recevoir la permission du Conseil des gardiens, contrôlé par le Leader Suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei. L’Iran reste une théocratie autoritaire.  

 

Au Canada, où Pierre Poilièvre et les Conservateurs mènent allègrement les sondages, on voit un net glissement vers la droite, mais nous sommes encore loin de l’autocratie. Même si Poilièvre courtise des adeptes de la droite conspirationniste comme le groupe Diagolon ou les dirigeants du convoi de camions sur Ottawa en 2022, il reste un défenseur de la démocratie. 

Pour l’instant, le monde occidental est encore dans le giron démocratique, mais il ne faut pas oublier que c’est ce que nous pensions au siècle dernier avant l’élection du National-socialisme en Allemagne en 1933.