Depuis leur création, nos institutions ont, bien sûr, signé des ententes de collaboration dans des secteurs spécifiques, mais avouons que ces dernières étaient souvent de petite envergure.
Par définition, une institution est toujours beaucoup plus préoccupée par sa survie que par la communauté qu’elle dessert. Pour qu’elle adopte la collaboration à grande échelle, elle doit souvent y être poussée. Dans le secteur universitaire on peut citer deux exemples de collaboration «forcée» qui ont donné d’importants résultats.
En 1960, c’est parce que la province refusait de financer des institutions confessionnelles que les Universités de Sudbury, Thorneloe et Huntington ont créé la fédération donnant naissance à l’Université Laurentienne. Ces institutions ont été forcées à collaborer.
Un autre exemple est certainement l’importante entente récemment signée par l’Université de Sudbury (UdeS) et l’Université d’Ottawa (UO). L’entente verra l’UdeS offrir 23 programmes académiques conjointement avec l’UO, ici à Sudbury, dès septembre 2025. Disons que depuis le refus du gouvernement ontarien de financer l’UdeS, cette dernière n’avait pas beaucoup de choix. Quant à l’Université d’Ottawa qui doit augmenter ses effectifs francophones si elle veut rester bilingue, l’entente avec UdeS arrive à point nommé.
Il est donc clair que si nous voulons que nos institutions post-secondaires collaborent pour augmenter leurs services, elles doivent y être poussées.
Les 21 collèges et universités de langue française du Canada (10 en Ontario) ont déjà créé un véhicule qui devrait permettre la collaboration. L’Associations des collèges et universités de la francophonie canadienne (AFUFC) s’est d’ailleurs donnée deux priorités. La première, «Représentation stratégique» auprès des gouvernements, est évidemment axée sur la survie des institutions membres. Mais la deuxième, «Collaboration pour la réalisation d’initiatives structurantes» est tout aussi importante. Peut-être l’AFUFC devrait-elle se servir de sa représentation stratégique pour inciter les gouvernements à forcer la collaboration?
En Ontario, c’est évidemment le ministère des Collèges et Universités qui chapeaute le secteur post-secondaire. Le ministère vient de créer un premier regroupement officiel de nos institutions francophones. Encore dans ses balbutiements, ce groupe n’a pas encore défini ses priorités, mais il est clair que la collaboration devrait figurer en haut de la liste.
Il faut cependant que le ministère aille encore plus loin. Nos petites institutions franco-ontariennes qui n’offrent qu’une poignée de programmes ne peuvent évidemment pas attirer tous les jeunes qui veulent une éducation post-secondaire. Elles doivent donc commencer à collaborer pour bonifier leur offre.
Le gouvernement ontarien devrait les inciter à collaborer. Et les forcer ne veut pas nécessairement dire le bâton, ça peut aussi vouloir dire la carotte. Par exemple, pourquoi ne pas financer le développement de programmes collaboratifs? Pourquoi ne pas augmenter le financement gouvernemental pour des nouveaux programmes issus de la collaboration? Ça, ce serait la carotte.
Cependant le gouvernement devrait aussi rappeler aux institutions qui ne veulent pas collaborer qu’il tient les cordons de la bourse. Des fois, il faut montrer le bâton pour convaincre.