le Mercredi 15 janvier 2025
le Mercredi 30 octobre 2024 11:00 Éditorial

Éditorial: Politique et sécurité nationale

Justin Trudeau et Pierre Poilievre — Photo (Justin Trudeau): Marianne Dépelteau – Francopresse Photo (Pierre Poliievre): Eya Ben Nejm – Francopresse
Justin Trudeau et Pierre Poilievre
Photo (Justin Trudeau): Marianne Dépelteau – Francopresse Photo (Pierre Poliievre): Eya Ben Nejm – Francopresse
Les chefs des partis conservateur et libéral fédéraux, Pierre Poilievre et Justin Trudeau, ainsi que leurs acolytes, se sont livrés à un jeu politique dangereux récemment, soit celui qui portait sur l’ingérence étrangère et la sécurité nationale.
Éditorial: Politique et sécurité nationale
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Ce jeu porte sur la question à savoir qui, des parlementaires, des employé.e.s ou des membres  de leurs partis politiques à la Chambre des communes, passés ou présents, seraient impliqués dans l’ingérence étrangère portant ainsi atteinte à la sécurité nationale.

Lors de sa comparution devant la Commission Hogue d’enquête fédérale sur l’ingérence étrangère, M. Trudeau a dévoilé qu’il détenait les noms d’un certain nombre de parlementaires, d’anciens parlementaires et de candidats du parti conservateur qui sont engagés ou à risque élevé ou pour lesquels il existe des renseignements relatifs à l’ingérence étrangère.

M.Poilievre a aussitôt demandé au premier ministre de rendre publique la liste de ces noms. Mais le chef conservateur a la possibilité et le pouvoir de connaître lui-même ces noms en acceptant d’obtenir une cote de sécurité. Toutefois, jusqu’à présent, il a refusé d’obtenir cette cote en alléguant que s’il l’obtenait, cela le réduirait au silence et l’empêcherait de discuter des informations confidentielles dont il prendrait connaissance. Ce qui est manifestement faux. Car les chefs des trois autres partis, soit Jagmeet Singh du NPD, Elizabeth May du Parti vert et Yves-François Blanchet, du Bloc québécoisBloc québécois ont tous pris des mesures pour obtenir cette cote sans la crainte de ne pas pouvoir discuter d’informations confidentielles.

En refusant d’obtenir cette habilitation de sécurité nationale, M. Poilievre joue un double jeu. S’il avait cette cote, il pourrait connaître les noms des membres de son parti qui seraient impliqués dans l’ingérence étrangère et ainsi prendre des mesures contre ces membres. En refusant de l’obtenir, il conserve le droit et la possibilité d’accuser M. Trudeau de mentir, mais il démontre surtout qu’il n’a pas le  courage de discipliner ses propres acolytes et ainsi assumer les responsabilités de chef de parti qui lui incombent.

Mais au-delà de ce jeu que jouent M. Poilievre et M. Trudeau, ce sont les citoyens et les citoyennes canadiens qui demeurent sur leur faim, car les représentants qu’ils et elles élisent se soustraient à leur responsabilité de les informer pleinement sur un sujet aussi névralgique qu’est l’ingérence dans laquelle s’adonnent des puissances étrangères dans les affaires du pays, mettant ainsi en cause la sécurité nationale. C’est comme si leur perception de la démocratie se résume au fait que le seul pouvoir que détiennent les citoyens et les citoyennes consiste à voter lors des élections fédérales. Ils oublient le fait qu’ils ne sont que leurs représentants, leurs délégués, et que les informations qu’ils détiennent appartiennent aux citoyens et citoyennes du Canada.