Plusieurs se demandent comment une majorité d’électeurs américains ont pu voter pour un candidat trouvé coupable de crimes financiers et sexuels à un des postes les plus puissants du monde. Mais laissons les historiens du futur tenter de répondre à cette question. Maintenant, la vraie question c’est qu’est-ce que Trump fera et comment ça affectera les États-Unis, le monde et surtout le Canada.
Le premier mandat de Trump nous donne quelques indications. On sait qu’il ne respecte aucune convention sociale, financière ou même politique. Alors, il ne faut pas penser qu’on fait affaire à un dirigeant ordinaire.
Trump a aussi annoncé son programme. Des tarifs douaniers de 10 à 20-pourcent sur toute marchandise importée aux États-Unis; la déportation massive de plus de 11-millions d’immigrants sans papiers; l’abrogation de plusieurs mesures environnementales; un retrait possible de l’OTAN si certains membres, dont le Canada, n’augmentent pas leur budget de défense; et probablement la fin de l’aide militaire à l’Ukraine.
Et rien ne pourra l’arrêter. Le parti Républicain contrôlera les deux Chambres du Congrès et adoptera les lois du président; la Cour Suprême a déjà statué qu’un président ne peut être poursuivi lorsqu’il exerce son mandat; Trump a aussi indiqué qu’il licencierait des centaines de milliers de fonctionnaires professionnels pour les remplacer par des trumpistes. Tout l’appareil gouvernemental sera à ses pieds.
Si elles sont promulguées, ces politiques se feront sentir partout dans le monde mais surtout aux États-Unis. Les économistes prédisent que les tarifs mèneront à une période inflationniste qui coutera quelques 320-milliards $ aux consommateurs américains; le Conseil américain sur l’immigration estime qu’il en coutera au moins 88-milliards de $ par année pour déporter 1-million de sans-papiers et un billion (trillion, en anglais) de dollars sur 10 ans. Payés par les contribuables, bien sûr.
Les politiques de Trump affecteront le monde entier. Qui dit inflation en Amérique dit inflation mondiale puisque 60-pourcent de la dette internationale est en dollars US; la fin du plan vert de Biden aurait aussi un effet dévastateur sur la lutte mondiale aux changements climatiques et sur les investisseurs dans les énergies vertes; un retrait des États-Unis de l’OTAN et son désengagement en Ukraine permettrait à la Russie de Poutine de poursuivre son expansion territoriale.
En tant que voisin et deuxième partenaire économique des États-Unis, le Canada ne sera pas épargné. Qu’arrivera-t-il à l’entente de libre-échange nord-américain qui doit être renégociée en 2026? Pourrons-nous maintenir les échanges commerciaux qui voient 350-millions $ de produits traverser nos frontières à tous les jours? Et que ferons-nous si des milliers de sans-papiers voulant échapper à la déportation américaine demandent asile à nos frontières?
Nos dirigeants ont déjà commencé à envisager des réponses à ces questions, mais devant les sautes d’humeur d’un Trump qui gouverne comme un négociateur plutôt que comme un homme d’état, ces initiatives feront-elles le poids?