Ses menaces d’imposer des tarifs sur tout produit canadien exporté aux États-Unis a déjà obligé les hommes et les femmes politiques du Canada de tenir des rencontres d’urgence et de réagir aux menaces en promettant de renforcer la frontière canado-américaine et de prendre des mesures pour empêcher le transfert de fentanyl vers les États-Unis. C’est là du moins le résultat de la rencontre, il y a deux semaines, du premier ministre libéral canadien, Justin Trudeau, et de ses homologues provinciaux et territoriaux.
De plus, les premiers ministres des provinces et des territoires ont tenu une rencontre de deux jours, la semaine dernière, afin de tenter de façonner une position commune face aux menaces tarifaires de Trump. Cette réunion a mis en lumière les divergences d’opinion quant aux mesures à prendre pour contrer le président-élu. Alors que les premiers ministres de l’Ontario et de la Colombie-Britannique, Doug Ford et David Eby respectivement, ont adopté une ligne dure, le premier ministre québécois, François Legault et son homologue de l’Alberta, Danielle Smith, ont opté pour une réponse plus modérée. Ford a menacé d’arrêter l’exportation d’énergie hydro-électrique vers certains États frontaliers ainsi que d’empêcher l’importation de l’alcool américain. Eby a promis de répondre aux tarifs américains par ses propres tarifs. Pour leur part, Legault et Smith ont proposé une stratégie moins corsée car leurs deux provinces sont d’importants exportateurs d’énergie vers les États-Unis (l’électricité en ce qui a trait au Québec et le pétrole quant à l’Alberta).
Mais au-delà de ces diverses réactions, il est une question qui se pose au niveau de la politique fédérale. Est-ce que le fait que Trump reprenne le pouvoir le mois prochain pourrait profiter aux chances électorales des libéraux et, plus particulièrement, à Justin Trudeau? Vu le fait que ce dernier ait déjà l’expérience de transiger avec Trump, avec un certain succès, de 2017 à 2021, lui permettra-t-il de regagner la faveur des électeurs canadiens? Le défi est de taille pour Trudeau puisque les derniers sondages indiquent que le parti conservateur dirigé par Pierre Poilievre détient un avantage de 21 points sur le parti libéral. Mais les électeurs canadiens verront-ils en Poilievre un homme politique qui, compte tenu de son orientation conservatrice, serait plus disposé que Trudeau à accepter les politiques d’extrême droite du futur gouvernement républicain dirigé par Trump?
Tel que mentionné, le défi de Trudeau est immense. Renverser la vapeur en l’espace de quelques mois s’avèrera difficile, surtout suite à la démission fracassante de la ministre des Finances et vice-première ministre, Crystia Freeland, ce qui met en danger la survie même du gouvernement. Mais en politique tout peut arriver surtout si Trump, une fois arrivé au pouvoir, donne suite à ses menaces à l’égard du Canada. L’histoire est à suivre.