Je veux vous parler de CANO. Pas le bateau. Il y a très longtemps (1971), un groupe d’étudiants franco-ontariens à l’Université Laurentienne a commencé la Coopérative d’Artistes du Nouvel-Ontario. Qui n’est DÉFINITIVEMENT pas l’acronyme pour CANO. Non. Absolument pas. Pas de chance. No way, José.

La coopérative s’est formée grâce à la pièce de théâtre Moé j’viens du nord s’tie. Les personnes qui ont travaillé dessus ont tellement aimé travailler ensemble qu’ils ont créé cette coopérative pour faire plus de pièces ensemble. 

Ben, pas vraiment. Ils l’ont créé, puis ils ont fait le Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO) pour faire les pièces ensemble. Les membres de la coopérative ont fait plein de choses ensemble : Prise de parole (une maison d’édition), la Galerie du Nouvel-Ontario ou GNO (une galerie d’art) et La Nuit sur l’étang (des concerts à Sudbury — qui ne se passe PAS sur un étang), pour en nommer quelques-uns. 

Mais, le projet le plus connu, celui qui a mis la coopérative sur la carte, c’était CANO.

CANO était une troupe musicale de rock progressif formés en 1975 par André Paiement. André écrivait beaucoup de chansons pour les pièces du TNO, mais il rêvait d’avoir un «orchestre théâtral», un groupe de personnes qui font de la musique similaire aux pièces qu’il écrivait.

En d’autres mots, il voulait un rock and roll band. Donc, il a recruté plusieurs musiciens et musiciennes pour être dans ce groupe (qui incluait sa sœur Rachel) et, ensemble (*toux*), ils ont enregistré six albums. Les voici en bref.

Tous dans l’même bateau — 1976

Simple. Naïf. Amusant. Un peu ringard. Joli. Contient 3 chansons de 10 minutes parmi ses huit chansons. Dramatique. Intéressant. C’est bon!

Au nord de notre vie — 1977

Les lecteurs attentifs du Tapage vont se souvenir que j’ai parlé de cet album avant, dans mon tout premier article. Pour rafraichir la mémoire, c’est l’album le plus franco-ontarien jamais enregistré. Si vous vous sentez moins français un jour, écoutez ceci. Ça va rétablir votre essence franco-ontarienne!

Eclipse — 1978

Malheureusement, avant la sortie de cet album, André Paiement s’est enlevé la vie. Les détails sont flous, mais la croyance c’est qu’il souffrait du trouble bipolaire. L’album est donc plus sombre, avec des paroles qui concernent l’inconnu, le mysticisme, le contrôle de la pensée, le livre 1984 par George Orwell et l’apocalypse.

Donc, ça, c’est amusant.

Rendezvous — 1979

En 1979, la maison de disque où CANO était signé a demandé au groupe : «Hééééé!!! Donc, est-ce que vous pouvez… euh, j’sais pas, écrire un hit? Un gros hit. On a besoin de plus d’argent de vous, donc elle sera TRÈÈÈS utile, un hit.»

Le genre de musique le plus populaire dans les années 1970s était le disco. CANO n’était pas un groupe de disco. Mais, ce n’était pas rare, un acte de rock qui avait un gros hit disco. Pink Floyd avait Another Brick In The Wall, Pt. 2. Queen avait Under Pressure. Yes avait Owner Of A Lonely Heart. CANO pouvait le faire, non?

… Non. S’ils essayaient de faire des chansons plus pop, ils n’ont pas réussi. Je m’excuse.

Camouflage — 1981 (sous le nom Masque)

Après la sortie de Rendezvous, Rachel Paiement a quitté le groupe. Le groupe a alors décidé de changer leur nom à Masque, et ils ont sorti Camouflage.  Cet album est un cauchemar à trouver. Ce n’est pas sur Spotify ou Apple Music et ce n’est pas sur YouTube non plus, donc si vous n’avez pas un joueur de disque de vinyle, c’est impossible à écouter. Mais, de ce que j’ai lu, elle sonnait comme étant très 1980.

Malheureusement, leur violoniste Wasyl Kohut est décédé l’année de la sortie de l’album. Ils ont donc lâché le nom Masque et ont pris une pause. Jusqu’à…

Visible —1985

Celui-ci est également impossible à trouver, mais il aussi était très 1980.

Les circonstances après Visible n’étaient pas bonnes. Il y a eu une récession économique au début des années 1980 et chaque membre vivait sous un revenu déclinant. Donc, après leur dernier spectacle au Japon, ils ont décidé que CANO était fini. Chaque membre survivant a continué avec des projets solos, comme des bandes sonores et des collaborations. (Petite note, chaque musicien canadien peut être connecté au groupe Broken Social Scene. Essayez-le, c’est amusant.)

CANO était un groupe intéressant. Ils ont eu peu d’attention du public, mais ils ont un groupe d’admirateurs loyaux quand même. Pendant leur temps comme groupe, ils n’ont pas fait semblant d’être importants, mais leur legacy est indiscutable. En les écoutant aujourd’hui, c’est juste un autre groupe de rock des années 1970, mais ils ont inspiré une génération entière d’artistes francophones.

Ils ont effectivement commencé le mouvement de la musique franco-ontarienne. Et pour ça, je pense qu’ils sont très cool.

SOUPIR. Je pense que ça, c’est assez de musique francophone pour six mois. Maintenant, si vous pouvez m’excuser, le nouvel album de Fall Out Boy vient de sortir et c’est apparemment très bon.