Un nombre considérable d’immigrants ont d’énormes difficultés à s’intégrer dans la société et à trouver un emploi dans le Grand Sudbury. En même temps, les employeurs connaissent une pénurie assez importante dans la main-d’œuvre. Comment réconcilier ces deux défis?
La table ronde de l’après-midi du Forum communautaire de CFA Sudbury a accueilli quatre employeurs, deux immigrants et deux personnes qui travaillent dans le dossier de l’immigration pour aborder ce sujet.
Tous représentants d’employeurs participants à la table ronde n’ont pas hésité à répondre que la pénurie de la main-d’œuvre n’a jamais été aussi grave, notamment dans les régions éloignées du Nord de l’Ontario.
Travailler dans l’éducation reste un défi
«On tente de “vendre” ces communautés. Elles sont toutes de belles communautés accueillantes», explique le directeur des ressources humaines du CSPGNO, Éric Despatie. Lui et ses collègues du CSC Nouvelon ont expliqué qu’ils ont de la difficulté à trouver des enseignants pour déménager dans ces communautés. Ils encouragent pourtant les gens à le faire, y compris les immigrants à la recherche d’un emploi stable. Les deux conseils scolaires offrent une compensation pour le déménagement si nécessaire.
Le problème pour les conseils scolaires ne se limite pas à ces communautés isolées. «Le recrutement, c’est toujours un défi», dit la directrice du Service des ressources humaines du Conseil scolaire catholique du Nouvelon (CSCNO), Josée Rudd. L’une des façons de commencer à intégrer les conseils scolaires, que beaucoup de gens pourraient trouver déroutante ou intimidante, est de commencer une carrière en tant qu’enseignant suppléant non qualifié. «Ça permet de mettre un pied dans les écoles, de voir comment ça se passe dans les journées régulières. Comme ça, les postulants pourraient se sentir plus à l’aise durant les temps d’entrevues», explique-t-elle.
L’anglais est l’un des plus gros obstacles
Le président et propriétaire de City Welding Sudbury, Robert Brouillette, explique qu’il est fier de la stratégie de son entreprise pour accueillir un personnel aussi diversifié que possible. Il dit qu’il a reconnu qu’il n’y avait que des avantages à poursuivre la stratégie et encourage tous ses amis employeurs à suivre la même idée. Si encore beaucoup d’employeurs hésitent à suivre cette stratégie, «c’est l’incertitude, on veut quelqu’un aujourd’hui», avance-t-il.
Il partage tout de même qu’il a remarqué que son personnel a toujours eu du mal à répondre aux exigences sociétales générales, comme l’obtention d’un permis de conduire et l’apprentissage de la langue anglaise.
Pour tenter de les appuyer, City Welding demande à ces employés immigrants de suivre un cours d’anglais s’ils ne connaissent pas la langue et l’entreprise les rembourse. Pour la plupart par contre, il suffit de le pratiquer autant que possible et de s’entourer de la culture anglophone.
L’étudiant à l’École des Sciences de l’Éducation de l’Université Laurentienne, René Koffi, a immigré au Canada de la Côte d’Ivoire le 18 février 2021 avec son épouse et ses deux filles. Il a dit qu’il a eu «des difficultés avec des gens puisque je n’étais pas bilingue».
Critique pour comprendre le marché du travail
Bien que l’anglais ait été un problème évident pour René Koffi, il explique qu’il y a quelques conventions sociales qui ont agi comme des barrières qu’il lui était impossible de traverser. Par exemple, bien qu’il a eu de l’aide à créer un curriculum vitæ, il n’était pas capable de mentionner trois références dans son document — un point également soulevé par un immigrant de Montréal d’origine congolaise et maintenant enseignant du CSCNO, Bienvenu Muboyayi.
Les deux hommes admettent que s’intégrer à la culture canadienne pour tout immigrant francophone, notamment dans une province majoritairement anglophone, sera très probablement une courbe d’apprentissage abrupte. Cela étant dit, Bienvenu Muboyayi a souligné que ces personnes doivent être proactives pour «comprendre la réalité et avoir du mentorat».
S’ils pouvaient retourner dans le passé, au moment où ils complétaient leur processus d’immigration, René Koffi et Bienvenu Muboyayi disent tous deux qu’ils auraient besoin «d’évaluer les métiers offerts à Sudbury. Ce sont souvent des métiers qui sont offerts au collège», dit M. Muboyayi.
Le coordonnateur de projets du Contact interculturel francophone de Sudbury, Gouled Hassan, et la conseillère en employabilité et en entrepreneuriat de la Société Économique de l’Ontario, Stéphanie Cotnoir, ont coanimé la discussion. La coordonnatrice du Service des ressources humaines du CSCNO, Angèle Clermont, était une autre participante.