Les Bélanger ont choisi de marquer le 50e anniversaire de leur élevage de bison avec la rencontre annuelle de l’Association. Une quarantaine d’éleveurs actuels et potentiels étaient présents, venant d’aussi loin que la Saskatchewan. Il y avait des gens de plusieurs origines, des Hollandais du sud de l’Ontario, des Kurdes qui élèvent du bison dans la région de Lavigne…
La famille Ouimette est venue de Sherbrooke parce qu’ils planifient un changement de carrière pour Gilles, entrepreneur en excavation, et Anne-Marie Dubois, sa conjointe, policière. «On veut une vie plus saine pour nos enfants et un retour aux sources. Pierre Bélanger est notre mentor; il est inspirant et généreux de son temps et de ses connaissances», affirme Gilles Ouimette.
Inquiétudes du moment
Comme bien des rencontres post-COVID, les éleveurs étaient heureux de se revoir et l’esprit était à la fête. Le conférencier, Wes Olson, une sommité mondiale sur le bison, a captivé les auditeurs.
M. Olson a démontré que réintroduire des bisons là où il y en avait change l’écologie du milieu. «Le bison est comme la pierre angulaire qui permet à tout un écosystème de revenir à son état original. On s’est rapidement rendu compte que la réintroduction du bison permet la réapparition de plusieurs espèces d’oiseaux. Ça met en lumière l’interdépendance de la biodiversité.» M.Olson s’est servi du fumier du bison pour démontrer comment tout peut recommencer.
Le président de l’Association canadienne du bison, Les Kroeger, a parlé des enjeux de l’industrie : certains groupes d’autochtones voudraient que le bison ait le statut d’animal en voie d’extinction. Cela signerait littéralement la mort de l’industrie.
Quant à l’Association du bison de l’Ontario, un nouvel enjeu émerge. Les moutons sont tous porteurs d’une maladie qui peut être mortelle pour le bison à moins que les deux élevages soient à au moins un kilomètre l’un de l’autre. L’Association entame présentement des négociations en vue de trouver une solution.
Ne manquez rien de ce que nous publions sur le site.
Le Voyageur offre une vue d’ensemble de la francophonie et de la vie dans le Nord-Est de l’Ontario.
Se changer les idées
Les participants ont pu visiter le troupeau de la ferme des Bélanger en charrette grillagée avec des explications de Charles Bélanger et de Christine O’Reilly, spécialiste sur les plantes de pâturages.
Le banquet qui a suivi comprenait trois services sur le thème du bison, évidemment.
Pendant le repas, pour marquer ses 30 ans, l’Association du bison de l’Ontario a décerné un nouveau prix. C’est Pierre Bélanger qui l’a reçu pour son engagement dans l’émergence d’une l’industrie du Bison en Ontario. Et la soirée s’est terminée dans l’ambiance d’un encan.
50 ans de Bison du Nord
En 1972, Pierre Bélanger achète son premier bison : une femelle. Mais il lui faut un mâle pour la reproduction. Élever du bison est une nouveauté à l’époque. Les mois passent et Pierre n’en trouve pas! Un an plus tard, on annonce qu’il y en a six à vendre dans la région de Montréal. Mais Pierre Bélanger n’en veut qu’un. Après deux jours d’âpres négociations, malgré lui, il achète les six bisons. Ainsi, au cours des années, le troupeau grandit grâce aux acquisitions et à la reproduction.
En 2022, Bison du Nord compte 400 animaux sur 665 acres à Earlton : c’est le plus gros élevage de l’est du Canada.
Dans les années 1980 et 1990, Pierre Bélanger travaille pour mettre sur pied l’Association du bison du Canada et l’Association du bison de l’Ontario, qu’il présidera pendant plusieurs années.
La relève
Aujourd’hui, ce sont les enfants de Françoise et Pierre Bélanger qui exploitent la ferme : Charles, Marie-Pierre et Jacynthe. Bison du Nord utilise des pratiques agricoles durables pour élever du bison certifié Bien-être animal et Nourri à l’herbe par A Greener World (AGW).
Pour répondre à ceux qui lui reprochent de produire de la viande, Pierre Bélanger dit : «Le bison mange de l’herbe que nous ne pouvons pas digérer et le transforme en viande que nous pouvons consommer.»
Depuis 2019, on peut visiter le troupeau avec un chariot grillagé qui permet d’être tout près de ces énormes animaux herbivores. La prochaine étape sera de développer l’agrotourisme sur la ferme.