La députée de Nickel Belt, France Gélinas, faisait partie du comité des comptes publics qui a commandé l’enquête. «Il y a des bouts qui sont difficiles à lire et difficiles à digérer, mais on a toutes les mauvaises décisions qui ont mené à la [Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies] LACC, on sait qui les a prises, les circonstances pourquoi ils les ont prises et les résultats sur notre communauté», dit-elle au Voyageur.
En plus des recommandations qui devraient être suivies par l’Université et le ministère des Collèges et Universités, France Gélinas compte consulter les avocats du gouvernement pour savoir si d’autres suivis devraient être faits. «La vérificatrice générale a quand même identifié des choses où on n’a pas suivi les lois. Tant au niveau des compensations qu’au niveau du lobbying.»
Mme Gélinas a souvent mentionné à Queen’s Park le niveau de colère élevé qu’elle voyait dans la région face à l’Université. Elle croit que pour certains, d’enfin connaitre les détails de ce qui s’est passé pourra aider à «tourner la page». Pour d’autres, il restera extrêmement difficile de pardonner l’établissement.
Elle est consciente que beaucoup d’injustices demeurent. Les avocats, qui étaient «enthousiastes» d’essayer quelque chose de nouveau, sont les seuls gagnants. Par exemple, la baisse du nombre d’étudiants affecte l’université, mais aussi les entreprises qui comptaient sur eux pour des emplois.
Pour les détails du rapport : Laurentienne : Le recours excessif à des conseillers externes aurait mené à la LACC
Université Laurentienne
Le président du conseil des gouverneurs de l’Université Laurentienne a commenté brièvement le rapport par voie de communiqué dès sa sortie.
«Nous devons maintenant tirer des leçons de conseils [de la vérificatrice générale] et, surtout, accepter et mettre en œuvre chacune de ses recommandations. Avec les rapports externes sur les opérations et la gouvernance déjà produits et les engagements pris envers les parties concernées par l’entremise du Plan d’arrangements, l’Université a maintenant une solide base pour effectuer les changements forts nécessaires et veiller à ce que les erreurs du passé ne se reproduisent pas», dit le président du Conseil des gouverneurs, Jeff Bangs.
Assemblée de la francophonie de l’Ontario
L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) s’inquiète surtout de l’absence de réponses à certaines de ses questions. Le nouveau président de l’AFO, Fabien Hébert, rappelle dans un communiqué que la vérificatrice générale a conclu que les coupures n’étaient «pas stratégiques, bien informées, ni transparentes».
«Pourquoi la Laurentian University s’est acharnée à sabrer près de la moitié de la programmation de langue française si ce n’était pas pour des questions de rentabilité?», demande M. Hébert. Il donne l’exemple du programme de sagefemmes, qui était rentable, selon la vérificatrice Bonnie Lysyk.
Il déplore aussi le manque de suivi de l’argent versé spécifiquement pour les langues officielles. Entre 10 et 12 millions $ par année étaient versés par le gouvernement fédéral pour appuyer l’enseignement postsecondaire en français à la Laurentienne. Mme Lysyk n’a pas pu confirmer s’ils avaient bien été dépensés à cet effet. Ce problème est cependant commun à plusieurs enveloppes fédérales envoyées aux provinces.
Coalition
La Coalition nord-ontarienne pour une université de langue française profite des conclusions du rapport pour redemander le transfert de l’éducation postsecondaire en français à une université «par et pour» les francophones. Une suppression de programmes qui «ne tenait pas compte […] de répondre aux besoins communautaires» démontre que l’Université a failli à ses obligations, écrit le porte-parole, Denis Constantineau.
La Coalition demande également au gouvernement d’intervenir si la Laurentienne refuse de collaborer. «Là où la province et la haute direction de Laurentian University voient des chiffres, notre communauté ressent des impacts profonds et humains», écrivent-ils dans leur communiqué. Le temps presse.
APPUL
«Le rapport de la vérificatrice générale valide entièrement les positions de l’Association des professeurs de l’Université Laurentienne [APPUL]», déclare le président Fabrice Colin dans un communiqué. «L’administration de la Laurentienne doit tenir compte de ce rapport et changer fondamentalement sa culture pour travailler avec le corps professoral à l’élaboration d’un modèle de gouvernance partagée plus transparent, démocratique et inclusif.»
La transformation de la culture de gestion de l’établissement doit être la priorité, insiste-t-il.