le Vendredi 6 décembre 2024
le Mercredi 18 octobre 2023 15:11 Économie et finances

Ça sent les livres à la Place des Arts

Monica Meza Giron dans l’espace boutique, à l’entrée de la Place des Arts, qu’elle devra remplir au cours des prochaines semaines. — Photo : Mehdi Mehenni
Monica Meza Giron dans l’espace boutique, à l’entrée de la Place des Arts, qu’elle devra remplir au cours des prochaines semaines.
Photo : Mehdi Mehenni
Sudbury — La Place des Arts du Grand Sudbury a réservé une belle surprise pour la période de Noël : l’ouverture d’une librairie-boutique francophone. Après des mois de recherche, ils ont enfin trouvé quelqu’un pour mener le projet à terme.
Ça sent les livres à la Place des Arts
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«On ne pouvait pas rêver d’un meilleur complément à l’ensemble des activités qui ont lieu à la Place des Arts», lance le directeur général de la PdA, Jean-Gilles Pelletier. 

Des livres franco-canadiens, québécois et internationaux ainsi que des cartes de souhaits, des objets d’artisanat et des œuvres d’art attendront les Sudburois dès la fin novembre au rez-de-chaussée de la Place des Arts. La date d’ouverture exacte n’est pas encore définie; elle sera communiquée ultérieurement. 

Le projet était inscrit sur papier dès la fondation même de la Place des Arts, en avril 2022, mais ce n’est que le 6 octobre 2023 que les représentants des Éditions Prise de parole, du Salon du livre du Grand Sudbury, du Carrefour francophone et de la Place des Arts du Grand Sudbury, ont pu créer officiellement la librairie-boutique sous forme d’un organisme à but non lucratif.

Le codirecteur général et directeur de la commercialisation des  Éditions Prise de parole, Stéphane Cormier, a été désigné par ses pairs président du conseil d’administration.

«Nous avons eu de la difficulté à trouver un manager. Il y avait, certes, le contexte pandémique qui a bouleversé le monde de l’emploi, mais il faut dire aussi qu’il n’y a pas beaucoup de librairies en Ontario, et donc, pas grand monde qui avaient des qualifications en librairie», explique M. Cormier. 

Des recherches ont été également effectuées au Québec, mais sans succès. «Il y a beaucoup de librairies et donc de libraires qualifiés au Québec, mais ce n’est pas évident d’en embaucher, car ils sont courtisés aussi à l’échelle internationale», ajoute-t-il.

Monica Meza Giron, la première gestionnaire de la librairie-boutique de la Place des Arts du Grand Sudbury

Photo : Courtoisie

Donner la chance 

Il restait donc une solution. S’ouvrir à des gens qui avaient moins d’expérience en librairie, mais qui avaient toutes sortes de qualités qui pouvaient mener à l’atterrissage du projet. 

Et c’est ainsi que le choix s’est porté sur Monica Meza Giron, une Montréalaise qui a fait de la médiation culturelle au Musée McCord Stewart et qui a développé des projets auprès de la jeunesse à la Maison Haïti, une organisation communautaire qui a pour mission l’accueil, l’intégration et l’éducation. 

«Cela faisait déjà un moment que je développais une certaine curiosité pour la francophonie hors Québec. En postulant à ce poste en juin dernier, j’ai été invitée, dans un premier temps, à visiter et faire connaissance avec la ville de Sudbury. J’ai été frappée par l’accueil et l’inclusion de la communauté francophone», témoigne-t-elle. 

Les membres du conseil d’administration de la librairie-boutique, à savoir les vice-présidentes Diane Leblanc et Geneviève LeBlanc, le trésorier Jean-Gilles Pelletier et le secrétaire Stéphane Gauthier, ont vite décelé chez elle un intérêt pour la région. 

«Nous avons été intéressés également par le parcours de Monica Meza Giron, comme elle est polyvalente et qu’elle a une expérience en médiation culturelle, entre autres tâches qu’elle sera appelée à assurer à la Librairie-boutique», souligne Stéphane Cormier. 

Un club de lecture 

Pour bien outiller la nouvelle directrice générale, un stage lui a été offert en septembre à la Librairie Moderne de St-Jean-sur-Richelieu, en Montérégie, au Québec, où elle s’est familiarisée avec plusieurs aspects du métier. 

«On a aussi embauché un mentor, un ancien libraire acadien, qui vient tout juste de vendre sa librairie et qui va l’appuyer à distance dans ses fonctions», fait savoir Stéphane Cormier. Il s’agit de Julien Cormier, désormais ex-copropriétaire de la Librairie Pélagie, dans la péninsule acadienne. 

En plus donc de «soutenir la diversité et la richesse de l’offre éditoriale en français et d’assumer un rôle de médiation culturelle», entre autres objectifs fixés à Mme Meza Giron par la CA, la directrice générale pense créer un club de lecture et probablement tenir d’autres activités connexes. 

Stéphane Cormier évoque notamment la couverture et l’accompagnement des activités et de la programmation de la Place des Arts. «On pourrait vendre des disques de musiciens qui se produisent sur place, comme cela aurait pu être le cas, récemment, lors du concert de Gregory Charles, ou jouer le rôle de libraire pendant la foire du livre…», projette-t-il. 

En la matière, Jean-Gilles Pelletier ne pouvait pas espérer mieux. «Dans un contexte d’offre d’une expérience globale, on veut attirer les gens par l’ouïe, par la vue, par le gouter et la senteur… Et là, nous allons créer la capacité d’aller toucher des livres et des magazines, de bouquiner et de sentir l’odeur du papier en se baladant entre les rayons de livres.»

Le retour des livres

Sudbury n’a plus de librairie dédiée à la langue française depuis juin 2016, date à laquelle le Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques a mis la clé dans la porte de la Librairie du Centre

Rappelons également que la dernière expérience d’une librairie francophone dans le centre-ville de Sudbury n’a duré que trois ans. La librairie Grand ciel bleu a fermé ses portes en 2011 en raison de problèmes financiers. 

Sudbury n’était pas totalement sans livres de langue française depuis. La librairie à grande surface Chapters a une section de livres en français.