Pour une fois que la Chambre a pensé à organiser une causerie bilingue, une initiative salutaire au demeurant, il y en a qui a vite fait montre d’impatience à l’égard de cette langue jugée… seconde, venue écorcher les trop distinguées oreilles unilingues! C’est-à-dire anglophones.
Jean-François Perrault, premier vice-président et économiste en chef de la Banque Scotia, n’avait pas fini de répondre à la question de Marc Lavigne, directeur général de la Fondation franco-ontarienne, sur les tendances économiques au Canada et comment le Nord pourrait en tirer avantage, qu’une dame a bondi de sa chaise pour réclamer une traduction illico presto, au motif qu’elle ne comprend pas le français (lire les détails dans notre article).
Une traduction était pourtant prévue, mais la participante était décidément trop impatiente ou probablement trop «incommodée» pour qu’elle puisse donner la chance aux choses de se faire naturellement.
Il fallait interpeller. Il fallait le faire savoir à tout le monde, et oui, nous l’avons bien compris, madame, notre langue est incompréhensible! Mais vous êtes-vous un jour posé la question, quand la Chambre s’exprime depuis toujours en anglais, s’il fallait communiquer avec les francophones dans leur langue? Certainement pas. Et nous savons pourquoi. Parce que vous estimez que votre langue, c’est tout le monde qui est censé la comprendre, n’est ce pas? Et cela aurait été malvenant, voire inadmissible de voir un francophone sauter de sa chaise pour faire une réclamation analogue, n’est-ce pas?
Le rédacteur de ces lignes a été, et à maintes reprises, frappé par ces visages qui ramassent froidement leur sourire à la seconde même où il s’adresse à eux en français, pour demander un service ou un renseignement.
Ces visages qui se ferment de la sorte n’expriment pas une gêne, parce qu’ils se sentent inconfortables de ne pas pouvoir aider en français.
Ils se ferment pour laisser libre cours à cette expression faciale qui vous dit sèchement : comment osez-vous?
Alors, nous allons continuer à parler en français et faire la traduction de nos propos avec plaisir pour ceux qui… savent faire preuve de courtoisie. En espérant que l’ouverture d’esprit de la nouvelle présidente de la Chambre de commerce du Grand Sudbury, Marie Litalien, pour davantage de diversité, puisse un jour changer les choses.
* Paradoxalement à son titre ironique, Speak White est un poème qui a été écrit en français, en 1968, par la poétesse, dramaturge et essayiste québécoise Michèle Lalonde, pour contester notamment l’oppression culturelle et linguistique des Canadiens français.